Quand l’eau devient poison

CONTAMINATION. Réjean Lapointe, propriétaire de la Pépinière 55, réclame un nouveau système d’alimentation pour l’eau potable à Saint-Étienne-des-Grès. Las de sept ans de démarches auprès du ministère des Transports, il a fait un rappel des ravages causés par le sel de déglaçage épandu sur l’autoroute 55 qui s’infiltre dans la nappe phréatique.

«On parle de corrosion du métal, de bris. Il faut tout remplacer par du plastique. Je pense au réservoir à eau chaude, aux éviers ou aux laveuses», précise Réjean Lapointe. Il a d’ailleurs tenu à informer une vingtaine de résidents de la situation lors d’une rencontre d’information mercredi dernier.

Déjà en 2007, le propriétaire de la Pépinière 55 sonnait l’alarme auprès du ministère des Transports, mais sans succès. «Tout est fait à l’aveuglette, de façon temporaire et on est toujours en attente», s’est-il exclamé. Il a soulevé le laxisme des cadres du ministère sur le sujet, malgré le fait qu’il soit selon lui «minuit moins une» dans ce dossier. «Le bon sens est évident, pourtant!»

En effet, la présence d’une haute concentration de sel dans l’eau nuit, non seulement à son commerce (arrosage), mais aussi à ses habitudes de consommation et à celles de ses voisins. «Les plantes ne peuvent pas vivre correctement, elles brûlent!», soutient celui qui a déjà dépensé plus de 800 000$ sur le dossier. Malgré la création d’un nouveau puits par le MTQ dans une portion différente du secteur, le problème de contamination persiste.

Des résidents incommodés

Carol Saint-Jean demeure à trois maisons de la Pépinière 55. «J’ai acheté ma propriété sans savoir dans quoi je m’embarquais il y a huit ans. J’ai dû refaire ma tuyauterie au complet, tout était en destruction totale!», explique l’homme qui souhaitait pourtant trouver la quiétude avec son achat. Il dit maintenant avoir dépensé plus qu’il n’imaginait pour se remettre en selle. «Je suis devant un méchant problème!»

Thérèse Richard-Boisvert, aussi du secteur, abonde dans le même sens. «On doit utiliser notre propre argent et user de tous les moyens pour arranger la situation. J’ai fait appel à des systèmes de filtrage pour l’eau de consommation, mais ça n’enlève pas le goût du sel. J’en suis aussi à mon troisième réservoir à eau chaude depuis 2003», renchérit la dame.

Le bureau régional du ministère des Transports s’est abstenu de répondre à nos questions. «Nous nous abstenons de commenter étant donné que le litige est en poursuite judiciaire», a indiqué Jean Larmache, aux communications.

La possibilité d’un recours collectif n’est pas exclue, mais on envisage pour l’instant l’envoi en bloc de lettre enregistrée au bureau du député afin de dénoncer la situation et de faire avancer le dossier.