Nostalgie d’un siècle industriel

HISTOIRE. Alors que les élus crient à l’aide et à l’urgence d’agir face à la fermeture de la Laurentide et que des centaines de familles doivent chercher une nouvelle alternative, Mme Rose-Anne Gignac Rivard s’inquiète pour la ville qu’elle a vu grandir.

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Née à Grand-Mère le 24 septembre 1914, Mme Gignac Rivard y est restée toute sa vie et y demeure encore aujourd’hui. En 100 ans, elle a vécu l’arrivée des grandes usines à Shawinigan, l’essor de l’industrie des papetières et cette époque où la Laurentide était l’âme et le cœur de la ville de Grand-Mère.

«Il y avait beaucoup de vie ici à l’époque, ça ne se compare pas du tout avec aujourd’hui, raconte la centenaire. Grand-Mère était très vivant, il y avait beaucoup d’action, de commerces et de travailleurs dans la ville.»

Plongée dans ses souvenirs, Mme Gignac Rivard se remémore avec nostalgie les dix dernières décennies de la ville. Outre l’usine Laurentide et ses travailleurs, elle cite le «quartier des Anglais», le couvent (aujourd’hui la résidence St-Louis-de-Gonzague), la Grand-Mère Shoe, la Grand-Mère Knitting, la Textile, la Shawinigan Water and Power, etc. Elle parle aussi des nombreuses personnes qui ont façonné l’histoire de Grand-Mère. Mme Gignac Rivard se souvient également des temps plus difficiles, dont les années frappées par la Seconde Guerre Mondiale.

Une ville qui gravite autour de son moulin à papier

Dès son jeune âge, il y a de cela un siècle, Mme Gignac-Rivard a vécu de près l’ère industrielle. D’abord fille d’un travailleur de la Shawinigan Water and Power, elle a ensuite épousé son mari, Bruno Rivard, qui a travaillé à l’usine Laurentide pendant plus de 35 ans.

Les Grand-Mérois les plus âgés pourront le confirmer: on peut presque affirmer que c’est toute une ville qui tournait autour de son moulin à papier. En bref, c’était le cœur de la ville.

Aujourd’hui, Mme Gignac Rivard se soucie du sort des familles victimes de sa fermeture. Elle s’inquiète aussi beaucoup pour l’avenir de la ville qui est tatouée sur son cœur depuis un siècle complet.

«Ça fait mal, se désole Mme Rivard. Je pense aux jeunes, qui commencent dans la vie, qui ont des autos et des maisons à payer. C’est dur pour toutes les familles, ça n’a aucun sens. Moi je ne le verrai pas, mais ça me fait beaucoup de peine pour les futures générations.»

Elle parle avec beaucoup de nostalgie face à cette importante page d’histoire qui se tourne. «Je suis venue au monde à Grand-Mère, j’y demeure depuis 100 ans et j’y suis attachée. C’est ma ville, soutient Mme Gignac Rivard. C’est pour ça que c’est si dur d’accepter la fermeture de la consol