Souvenirs d’un passé industriel

PATRIMOINE. Ils étaient six hommes réunis pour ressasser leurs souvenirs de l’époque industrielle de Shawinigan. Devant caméra, les six ex-travailleurs Michel Paillé, René Gélinas, Florian Lafrenière, Jean-Paul Désaulniers et les frères Charles et James Mills ont répondu à l’appel de Culture Shawinigan qui planche sur le projet Mémoires Industrielles, une ode au patrimoine vivant de la Ville de l’Énergie.

Âgés entre 61 et 91 ans, les hommes disent avoir connu «l’âge d’or de la période industrielle». Ayant occupé divers postes allant du travail de bureau, au travail des machines ou encore à la direction, les ex-employés ont partagé leur vécu pour alimenter le patrimoine vivant de la Ville.

Pour la plupart, les hommes sont venus par intérêt pour l’histoire et souci de partager leurs connaissances au plus grand nombre. «Je trouve agréable de voir l’évolution des industries, des techniques et des conditions de travail. Je suis de la deuxième génération et je suis conscient du travail qui a été fait par les autres avant moi», mentionne Michel Paillé, un ancien chef à l’usine Dupont.

Grèves & Francisation

Le groupe s’est remémoré avec plaisir les faits saillants de leur passage dans le monde industriel de Shawinigan. Ainsi, mentionnons les grèves, dont la venue du célèbre syndicaliste Michel Chartrand en 1955. La demande des salariés pour l’obtention du «100$/semaine» a aussi marqué les esprits des participants.

Dans la bonne humeur, ils sont revenus sur les débuts de la francisation ou encore l’importance de la compétitivité et de la créativité pour la vitalité des entreprises qui rivalisaient alors avec les États-Unis.

Sommes toutes, les travailleurs consentent qu’ils «ont eu la vie belle». Pour René Gélinas, employé à la Laurentide pendant 35 ans, il ne fait aucun doute que l’avenir de Shawinigan passe désormais au sein des petites et moyennes entreprises du territoire. «Ça prend ce gens d’entreprises maintenant, oublions les grandes industries qui arrivent dans le coin, mais risquent de déserter lorsque l’économie baisse!»

L’avenir repose sur les PME

James Mills, un retraité qui a travaillé 45 ans pour l’Alcan est aussi optimiste. «Maintenant, la Ville diversifie son économie. Les jeunes sont moins nombreux à quitter vers les grands centres. À preuve, mes trois petits-enfants ont tous été étudier à l’extérieur, mais veulent revenir travailler à Shawinigan.»

À noter que les propos des six hommes ont été recueillis par un ethnologue-vidéaste, Simon Rodrigue, des Créations Tempête Blanche et son équipe. Le tournage s’est fait dans une formule table ronde dans le cadre de la Semaine du Patrimoine et a duré près de deux heures.