Écrire son histoire

HISTOIRE. «Plus ça change, plus c’est pareil» est un adage bien connu. Pourtant, il prend tout son sens pour les participants de l’activité «Je me raconte» âgés entre 50 et 84 ans. Le principe? Coucher sur papier son vécu avec pour objectif ultime de rédiger sa propre autobiographie.

Ils sont huit participants: sept dames et un homme courageux qui constitue le groupe de «Je me raconte»: Marie, Martine, Marguerite, Huguette, Hélène, Ginette, Madeleine et Robert. Après 22 rencontres, chacun d’eux aura fouillé dans ses souvenirs pour partager des parcelles d’histoires, des anecdotes, des moments de joie ou parfois de peine pour léguer à sa descendance.

Leur motivation? Transmettre leur expérience et leur histoire à leur famille, leurs amis ou encore apprendre davantage sur eux-mêmes et se faire la voix d’une époque. «C’est mon petit fils qui m’a convaincu. Je voulais pouvoir lui parler de mon passé, de ma vie et lui céder cela», indique André Arcand, coanimateur de l’activité.

Suivant un plan de cours et des thématiques, le groupe se rencontre aux quinze jours et doit rédiger entre temps sur un angle en particulier. Jeunesse, religion, valeurs, vie de couple, plusieurs grands thèmes servent de pistes aux auteurs en herbe et une rencontre est même dédiée aux aspects techniques de l’écriture comme la maquette, la reliure et l’impression de document sous la supervision de la responsable Ginette Huard.

Enfin, les participants ont la possibilité de faire éditer leur ouvrage en guise de souvenir au nombre de copies de leur choix. La période de rencontre en groupe est propice aux échanges, mais aussi à la lecture animée des passages d’écriture de chacun.

«Au fur et à mesure que je dévoilais mes écrits à ma famille, je voyais leur intérêt grandir. Ils me posaient de questions et voulaient des précisions. Je riais alors et leur répondaient: attendez donc au prochain chapitre!», lance Robert Bégin, la figure masculine du groupe et ancien militaire.

Écrire pour mieux se connaître

Il faut dire que ces moments de partage oral ont la cote auprès du groupe. «Lire est mon moment favori. J’appréhende la fin de l’activité, car je me demande si j’aurai autant de plaisir et de motivation à écrire quand je serai seule», indique Marie Arsenault.

Huguette et Hélène Pellerin, deux sœurs de 14 ans d’écart se sont jointes naturellement à l’activité. «On n’a pas appris grand-chose l’une sur l’autre, car on se connait déjà très bien. On s’est toujours suivi malgré notre différence d’âge et on est venue ici ensemble», mentionne Hélène, la cadette.

Ayant eu des vies similaires, les dames ont pu partager au groupe des moments aussi personnels que leur divorce respectif ou encore la relation toxique d’Hélène avec son ex-conjoint. «J’ai réalisé que j’étais soumise à lui. J’étais dans une relation de dominant dominé…», précise la femme sans détour.

Il faut dire qu’au fil des semaines, la complicité entre les participants est bien présente. Chacun abonde pour dire que le respect et l’ouverture sont la clé de la réussite de la formule et des confessions voient le jour dans ce cercle de travail. «On est pas là pour juger nos histoires. On commente, mais souvent pour en savoir plus et connaître davantage l’autre», de dire Martine Duchemin. La dame mentionne aussi avoir évolué dans sa façon de rédiger. «On nous pousse à indiquer des détails, à peaufiner notre style et à être le plus clairs possible.»

Chose certaine, en dépit des changements sociaux et technologiques, on s’entend pour dire que les valeurs demeurent. «L’estime de soi et la famille, c’est quelque chose qui ne se démode pas. Peu importe ses moyens, il faut se faire confiance et aller de l’avant», de lancer Huguette Pellerin, doyenne du groupe.

Même son de cloche du côté de M. Bégin, «Même si mes petits-fils et moi vivons dans des réalités bien différentes, je remarque qu’ils ont de bonnes valeurs, des valeurs autres que les miennes, mais tout aussi respectables. Des valeurs qui se forgent par le temps et par l’exemple», conclut-il.