Si une égoïne savait chanter

INUSITÉ. Résident du secteur Shawinigan-Sud, Olivier Doucet s’amuse avec la musique. Il a développé sa propre technique, il a modifié des scies et des archets afin de faire chanter ses égoïnes. La population peut l’entendre chaque jeudi de juillet et d’août à l’église Notre-Dame-de-la-Présentation dans le cadre d’un forfait offert par les Divins détours.

L’égoïne bien en place entre ses pieds, il fait vibrer son instrument afin d’interpréter diverses pièces. Âgé de 38 ans, Olivier Doucet a découvert l’égoïne comme instrument au début de la trentaine. «Je sais qu’un membre des fous braques jouait de l’égoïne, et un soir chez moi, j’ai essayé ça. Un des traits de mon caractère fait que je rejette toutes conventions. À force de jouer, j’ai développé une technique différente de tout le monde. Je tiens l’égoïne avec mes pieds, ce qui fait que je suis capable de faire vibrer le bas de l’égoïne.»

De fil en aiguille, le Shawiniganais a appris différentes chansons afin d’augmenter son répertoire.

Le «Scieur musical» comme il se décrit a aussi modifié ses archets afin de faciliter la jouabilité. La partie rigide de l’archet est conçue à partir d’une flèche d’arbalète, tandis que les cordes sont confectionnées depuis plusieurs fils à pêche tordus ensemble pour plus de friction et de glissement.

«J’aime bien jouer de l’opéra parce que l’expressivité se transmet facilement dans l’égoïne. D’ailleurs, les sonorités de l’égoïne sont comparées aux chants. L’égoïne c’est le même processus mental que chanter, ce qui fait que je joue à l’oreille», affirme celui qui a participé à un festival de l’égoïne à New York en 2013 et 2015.

«Je suis vraiment content du contrat pour les Divins détours. C’est le fun d’avoir une dizaine de spectacles déjà prévus. Chaque spectacle sera d’une durée de 45 minutes. En plus, la sonorité est superbe à l’église Notre-Dame-de-la-Présentation. Je vais sûrement adapter mon répertoire pour que les gens présents apprécient encore plus le spectacle. Je sais que les Européens sont friands de ce genre de visite, alors si je sais qu’il y a des Allemands dans la salle, je vais jouer une chanson pour eux», explique Olivier Doucet.

«Mon but est de m’amuser avec ça. Je ne me fixe pas nécessairement d’objectif. Je veux pousser le plus que je peux le côté musical, parce que le danger avec l’égoïne c’est que ça devienne un instrument de foire. Mais je suis conscient que ça sort de l’ordinaire.»