Une Shawiniganaise coupable d’extorsion et de voies de fait

VICTORIAVILLE. Une femme âgée de 47 ans, Louise-Pascale Picard, a été reconnue coupable d’extorsion, de voies de fait et de menaces de mort envers une Victoriavilloise. Dans un jugement écrit rendu mardi matin, le juge David Bouchard de la Cour du Québec a notamment indiqué qu’il ne croyait pas le témoignage livré par l’accusée.

Les faits reprochés à l’accusée se sont produits entre le 1er janvier 2007 et le 1er octobre 2011. Louise-Pascale Picard a extorqué des sommes d’argent importantes à la plaignante après lui avoir offert sa protection.

L’accusée et la plaignante se sont rencontrées lors d’une formation sur les métiers non traditionnels à Victoriaville de l’automne 2002 au printemps 2003.

Survient alors un incident entre la plaignante et une autre femme qui semble vouloir lui faire du mal. L’accusée, Louise-Pascale Picard, intervient alors pour lui offrir sa protection pour ainsi interrompre les agissements de l’autre partie.

Les années ont passé. Puis, Louise-Pascale Picard et la plaignante se rencontrent, par hasard, au début de l’année 2007 au magasin Les Escomptes Lecompte de Victoriaville.

Pour une première fois, indique le magistrat dans son jugement, l’accusée demande à la plaignante une première somme d’argent, prétextant en avoir besoin pour combler des besoins essentiels pour ses enfants.

L’année précédente, la plaignante, suite au décès de son père, a reçu 175 000 $ en héritage et la maison paternelle.

La plaignante a refusé la première demande d’argent. Mais l’accusée lui a alors rappelé le rôle de protection qu’elle avait joué des années plus tôt lors de la formation. Elle lui aurait dit : «Je t’ai aidée, c’est à ton tour de m’aider».

Ce stratagème se répétera jusqu’à l’automne 2011. Les demandes se feraient environ tous les trois ou quatre mois au domicile de la plaignante. Et l’accusée profère des menaces et utilise la violence pour obtenir des sommes d’argent.

La preuve révèle qu’à un moment, l’accusée a empoigné la victime par le cou pour la pousser au mur et exiger le versement de la somme d’argent dans un délai de 48 heures.

À une autre occasion, la plaignante a reçu une poussée telle qu’elle a chuté dans les escaliers extérieurs.

À un moment, l’accusée a refermé une porte sur son bras pour le coincer. Une autre fois, la plaignante chute au sol et l’accusée en profite pour lui mettre son pied à la gorge.

La plaignante a fait valoir qu’elle ne pouvait parler à quiconque des demandes de l’accusée, ce qui explique qu’elle obtempère aux directives.

La victime a finalement décidé de porter plainte à la police au début de l’automne 2011. L’enquête policière mènera à l’arrestation de Louise-Pascale Picard le 30 novembre de la même année.

L’accusée nie

Au moment de son arrestation, l’accusée fait une déclaration, prise par écrit par les enquêteurs de la Sûreté du Québec, une déclaration incriminante, explicite sur la commission de certaines infractions et confirmant avoir fait usage de violence physique.

Dans sa déclaration aux policiers, l’accusée disait avoir subi de la violence de son conjoint, et qu’elle réclamait de l’argent de la plaignante parce que son conjoint en avait besoin pour payer sa consommation de stupéfiants.

Mais lors du procès qui s’est échelonné sur cinq jours entre le 21 octobre 2014 et le 31 mars 2015, Louise-Pascale Picard a réfuté les faits.

«Au procès, note le juge Bouchard, l’accusée témoigne. Elle renie sa déclaration. Elle nie en totalité la commission des infractions reprochées. Elle rappelle au Tribunal qu’elle était en état d’intoxication lors de la prise de sa déclaration écrite.»

Sauf que le président du Tribunal n’accorde aucune foi aux propos de l’accusée. «Le Tribunal ne croit pas le témoignage de l’accusée à l’audience. La dénégation générale des faits qui lui sont reprochés est incohérence avec les autres faits qu’elle relate (…) L’intoxication, telle qu’avancée par l’accusée, ne semble affecter que la partie de sa déclaration écrite où elle fait état des infractions reprochées. Cela est un non-sens et ne tient pas la route», a indiqué le magistrat pour qui l’accusée, en somme, «choisit de témoigner sur des sujets qui, pour elle, ne représentent aucun risque d’incrimination».

«L’accusée, a souligné le juge Bouchard, démontre un manque de sincérité et de franchise. Le Tribunal ne croit pas sa version des faits.»

Quant au témoignage de la plaignante, la Cour l’a qualifié de fiable et a reconnu aussi la fiabilité de l’identification de l’accusée lors d’une séance d’identification avec des photographies.

Après analyse, le juge a conclu en une preuve hors de tout doute raisonnable que l’accusée a commis les infractions reprochées. Il l’a ainsi déclarée coupable d’extorsion, de voies de fait et de menaces de mort.

Mais Louise-Pascale Picard a été acquittée de l’accusation de complot avec son conjoint en vue de commettre une extorsion, un doute subsistant à ce sujet dans l’esprit du Tribunal.

Un rapport présentenciel a été demandé par l’avocat de l’accusée, Me Guy Boisvert. Les parties se retrouveront le 26 novembre pour les représentations sur la peine.