Jessica Clément, une Olympienne bien spéciale

ATHLÉTISME. Jessica Clément revient des Jeux Olympiques Spéciaux de Vancouver avec quatre médailles au cou. La jeune femme de 21 ans qui se démarque en sprint et en saut a, non seulement battu ses propres record personnels, mais est d’attaque pour viser les mondiaux en 2015.

Si elle cumule déjà près de cinquante médailles, ce n’est que depuis deux ans que Jessica Clément a eu la piqûre de l’athlétisme. «J’ai participé aux Jeux du Québec à Shawinigan et j’ai obtenu quatre médailles.» Une belle réalisation pour la Shawiniganaise qui n’avait que peu de préparation derrière la cravate. Il n’en fallait pas plus pour que la jeune femme poursuive dans les disciplines du sprint et du saut.

Depuis ce baptême jusqu’à aujourd’hui, les distinctions n’ont cessent de défiler pour Jessica Clément qui évolue au sein du Club d’athlétisme Énergie. Atteinte d’une déficience intellectuelle légère, la sportive a toujours eu l’envie de bouger. «Ces récompenses ne m’étonnent pas non, Jessica a ça dans les gènes», sourit sa mère, Sylvie Clément.

Ainsi, à raison de deux fois par semaine au minimum, Jessica pratique le sprint (200m, 400m et 800m) et le saut avec son entraîneur Michel St-Pierre. De son propre aveu, ce serait son côté disciplinée qui lui mériterait les honneurs. Suivant ses traces, la sœur cadette de Jessica, Nadia Clément-Héroux (18 ans) a, elle aussi, débuté les entraînements depuis peu.

«C’est plaisant de les voir progresser. J’ai pensé aux Olympiques Spéciaux, car ça brise l’isolement des personnes atteintes de déficience intellectuelle. Je trouve cependant dommage qu’on parle trop peu des réalisations que ces sportifs accomplissent», soutient Sylvie Clément.

Des médailles, des amis et… un amoureux

Si briser l’isolement et augmenter la confiance en soi des athlètes fait partie des avantages de pareilles compétitions adaptées aux clientèles comme Jessica, cela n’empêche pas les gens d’être méchant envers la différence. «Jessica a été victime d’intimidation dans le passé», souligne sa mère. Ce serait toutefois chose du passé, aux dires de la principale intéressée.

La jeune femme a su se tisser un réseau de contacts depuis ses débuts en athlétisme et a même trouvé l’amour auprès d’un autre sportif, Olivier Lizotte. Se côtoyant lors des compétitions depuis deux ans, ce n’est que cet été que Jessica et Olivier ont officialisé leur relation. Les rencontres sportives ont-elles servies de terrain de jeu à leur flirt amoureux? Jessica se contente de sourire.

Directrice générale à l’Association pour la déficience intellectuelle Centre-Mauricie, Caroline Boucher se dit également fière des accomplissements de Jessica, qui fréquente la maison de répit. «Cela contribue à prouver à tous que les personnes atteintes de déficience intellectuelle sont capables de belles choses. Souvent mises à part, elles peuvent réaliser des choses extraordinaires», soutient-elle.

Mme Boucher parle d’ailleurs de la sportive comme d’un modèle pour tous les jeunes par son énergie, mais aussi d’une leader positive qui rassemble et dynamise son milieu. «C’est beau de la voir se réaliser, qui sait si elle pourra possiblement intégrer le marché du travail dans le futur?»

Dans le moment, une blessure nécessite le repos de la jeune femme pour l’été. Cependant, Jessica entend bien reprendre les entraînements en septembre avec de nouveaux défis. «Je veux améliorer mon demi-fond. Pour ça, je vais débuter le cross-country pour renforcer mon endurance!» À moyen terme, l’athlète vise les Jeux Olympiques spéciaux mondiaux d’été de 2015 à Los Angeles, ainsi que les prochains Jeux Olympiques spéciaux d’hiver en 2016, probablement en raquettes.

Les moments marquants de Jessica

Jeux du Québec – Shawinigan (2012)

Jeux du Québec – Sherbrooke (2013)

Jeux Olympiques spéciaux – Pointe-Claire (2013)

Jeux Olympiques spéciaux – Vancouver (2014)