Le hockey dans le sang

HOCKEY. À 80 ans, Yvon «Baba» Pruneau a connu une carrière fulgurante comme officiel, passion qu’il pratique encore aujourd’hui. L’Hebdo du St-Maurice a rencontré le Shawiniganais, qui a accepté de partager quelques-uns de ses plus beaux souvenirs et discuter du hockey actuel, qui semble avoir évolué pour le mieux.

Né en 1935 à Shawinigan, Yvon Pruneau arbitre encore plusieurs ligues de garage de la région et est réputé pour ne pas se laisser piler sur les pieds par les joueurs. «Il y a toujours quelques gars qui prennent ça trop à cœur et qui viennent me voir pour argumenter. J’ai mes répliques. Je dis au joueur que ça fait quatre qu’il manque au filet, qu’il n’a rien à dire. Il y a toujours une très bonne ambiance avec les gars. Je suis capable de les mettre au pas», a-t-il affirmé.

Sa carrière d’arbitre s’est amorcée en 1955, alors qu’il était âgé de 17 ans. «Je jouais junior B, mais je n’avais pas la grandeur. Dans le temps, il n’y avait pas beaucoup d’arbitres. Mario Veilleux m’a approché pour que je l’aide. J’ai officié dans la ligue senior du Lac-St-Jean, dans la Ligue métropolitaine de Joliette et le junior majeur. Entre-temps, je me suis occupé du hockey mineur avec Jack St-Onge. J’ai été le responsable du MAGH pendant trente ans, fonction que j’ai laissée en 2007, lorsque j’ai été intronisé au Temple de la Renommée de Hockey Québec. Je suis fier de mon parcours. Le hockey est tellement une belle école de vie».

Même si certains de ses souvenirs remontent à plusieurs années, «Baba» les raconte avec beaucoup de précision. «J’ai arbitré un match entre Shawinigan et Sherbrooke au niveau junior majeur au début des années 70 et j’ai reçu une rondelle directement sur la tête. À l’époque, nous n’avions pas de casque. C’est la seule fois que j’ai vu des étoiles dans cet aréna et que je me suis fait applaudir. J’ai terminé avec huit points de suture. J’ai déjà vu des bagarres dans les estrades ou lors de la période d’échauffement. Il m’est arrivé d’arrêter une partie en raison des batailles. Je me souviens d’une finale entre St-Tite et Ste-Thècle dans la Ligue de hockey mauricienne. C’était le duel entre les cravates et les chaussettes. Il y avait une corde à linge suspendue de chaque côté de la glace».

Du hockey excitant

Observateur pour la Ligue de hockey junior majeur du Québec pendant 25 ans, Yvon manque rarement un match des Cataractes de Shawinigan. «Je m’assois avec André Dupont et Simon Nolet, des gars que j’ai arbitré. J’aime échanger avec les journalistes et partager nos différents points de vue. J’aime mieux le hockey d’aujourd’hui, car il est plus rapide. On voit moins du jeu de corridor. Au temps de Guy Lafleur, on commençait à voir du croisement entre les joueurs», s’est-il souvenu.

Le plaisir semble être une notion qui n’est pas au cœur de chaque famille pratiquant le hockey en 2016. «On voit beaucoup de bébés gâtés aujourd’hui. Les parents viennent te voir et te demandent pourquoi leur jeune ne joue pas. C’est important de ne jamais perdre de vue qu’il faut s’amuser. J’ai fait partie du Comité de discipline régional pendant 30 ans et il est arrivé de devoir calmer des parents. J’aime la qualité des instructeurs que nous avons aujourd’hui. Dans l’ensemble, je crois que ça a évolué pour le mieux».

Croit-il à la fin des bagarres dans un avenir rapproché? «Dans le temps, il y avait un peu plus de respect entre les joueurs et envers les entraîneurs. On voit la Ligue nationale de hockey qui présente de moins en moins de batailles. Je ne suis pas pour le fait d’avoir un joueur qui a le rôle de se battre, mais le hockey est un sport de contact, alors ça peut arriver que deux joueurs jettent les gants. Le débat évolue».