La récolte des graines semées depuis 8 ans

COMMENTAIRE. La terre du jardin du maire sortant Michel Angers était riche, les graines ont été semées depuis fort longtemps, et sans faire de bruit, les fruits et légumes poussaient beau temps mauvais temps. Difficile de croire que le premier magistrat n’avait pas tous les éléments pour vendre sa salade.

À la lumière des commentaires que l’on pouvait lire sur les médias sociaux à l’encontre de Michel Angers, on aurait pu penser que le vote pour sa réélection pour un troisième mandat consécutif aurait été plus serré. Force est d’admettre qu’une majorité silencieuse s’est exprimée derrière les urnes lors de la journée du 5 novembre, plutôt que derrière un clavier.

Avec près de 60% des voix lors d’une lutte à trois, nous pouvons affirmer que le désir de Michel Angers de revenir avec un mandat fort s’est réalisé.

Le candidat François Bonenfant a annoncé ses intentions au printemps dernier. Pour une course à la mairie d’une ville de près de 50 000 habitants, c’est ce qu’il fallait faire. Toutefois, on ne peut en dire autant de Judeline Corriveau, elle qui s’est annoncée seulement à la fin du mois de septembre. Elle a piqué la curiosité de bien des électeurs, mais avait-elle assez de temps pour se faire connaître et que la population puisse découvrir son programme? Elle a d’ailleurs admis qu’il s’agissait d’une erreur.

Certaines personnes ont même avancé l’hypothèse que Mme Corriveau était une amie du maire sortant et qu’elle présentait sa candidature seulement pour diviser le vote avec M. Bonenfant, une stratégie mise de l’avant par M. Angers. Pure foutaise! Même en combinant les votes pour M. Bonenfant et Mme Corriveau, la course n’aurait jamais été chaude non plus comme ce fut le cas dans certains districts.

Le hic, c’est que les électeurs savaient pourquoi M. Bonenfant et Mme Corriveau se présentaient: en raison du fardeau fiscal et des taxes trop élevées. On connaissait le pourquoi, mais on n’a jamais su le comment. Comment l’une ou l’autre pouvait y arriver? Seulement Mme Corriveau s’est avancée pour un gel des taxes pendant un an, mais encore là, la question n’avait pas sa réponse.

Bonenfant s’est désigné comme étant le «candidat des mécontents». À la lecture des résultats dans les différents districts, il faut croire que les mécontents se trouvaient surtout dans les districts des Boisés et de la Rivière. Le candidat résidant au Lac-à-la-Tortue a bien tenté de déstabiliser Michel Angers, notamment lors du débat organisé par la Chambre de commerce et d’industrie de Shawinigan, y allant presque d’attaques personnelles. «Je crois que M. Angers s’aime tellement qu’il doit se flatter le soir avant de se coucher.»

Mais encore une fois, les légumes du potager, en l’occurrence la reconversion économique et l’effervescence du Centre d’entrepreneuriat Alphonse-Desjardins Shawinigan, semés par le maire sortant, étaient mûrs pour la récolte.