L’expérience d’Éric Bédard au profit de son pays

PATINAGE DE VITESSE. Originaire de Sainte-Thècle, Éric Bédard a déjà décroché quatre médailles olympiques, trois au relais et une individuelle en tant qu’athlète. Il a aussi été l’entraîneur de la formation italienne et allemande il y a quelques années. Maintenant, l’entraîneur de l’équipe masculine canadienne de courte piste peut faire profiter son expérience aux huit hommes de calibre international au sein de l’équipe.

Le fait d’avoir été nommé tardivement dans l’année comme entraîneur, au mois d’août dernier, a fait qu’Éric Bédard a dû prendre les bouchées doubles dès son arrivée. «Les gars avaient repris l’entraînement depuis quatre mois lors de mon arrivée à la mi-août. Ça fait drôle à dire, mais je suis arrivé pratiquement à la mi-saison. Un mois plus tard, on avait déjà les qualifications nationales pour déterminer les huit membres de l’équipe. Les tranches de la Coupe du monde 1 et 2 à Calgary et Salt Lake City se sont aussi enchaînées rapidement. Mais je m’adapte rapidement à la qualité d’athlètes que j’ai.»

Du 7 au 9 décembre, il s’agissait de la troisième tranche de la Coupe du monde qui se déroulait au Kazakhstan.

Éric Bédard a 8 patineurs sous sa charge, mais seulement 6 peuvent participer à une tranche de la Coupe du monde. Pour l’entraîneur, c’est le relais l’aspect le plus important, ce qui permet de pousser l’équipe ensemble, mais aussi pour décrocher des médailles individuelles. «De voir les résultats positifs, ça m’allume vraiment. On est prêt à sacrifier beaucoup d’efforts en entraînement pour que ça rapporte. Ce que j’aime le moins de mon métier, comme tout entraîneur, on n’aime pas laisser quelqu’un de côté. De laisser deux patineurs à la maison lorsqu’on va en Coupe du monde, c’est le côté un peu plus sombre. Lorsqu’on est six en Coupe du monde et il faut en choisir quatre pour le relais, c’est sûr qu’on va faire des athlètes mécontents. J’ai la chance d’avoir huit athlètes de niveau international, tout le monde veut participer, mais malheureusement c’est impossible lorsqu’on a une équipe compétitive comme celle du Canada.»

Après avoir été l’entraîneur de l’équipe italienne et allemande, est-ce que Éric Bédard visait ce même poste pour l’équipe canadienne avant d’être nommé? «C’était un objectif il y a quelques années. Ma carrière allait bien avec un poste de direction dans le programme d’excellence de l’anneau olympique à Calgary. Derrick Campbell chez les hommes était en poste depuis une douzaine d’années. Quand le poste est devenu vacant à l’été, j’ai été en communication avec Patinage Canada. Ce n’était pas une obsession, mais je suis très content d’être l’entraîneur des hommes aujourd’hui.»

Comment a-t-il été accueilli au sein de l’équipe? «Mon expérience a fait la différence de la façon dont j’ai été accueilli. J’ai connu deux Jeux olympiques comme entraîneur, j’ai été sept ans à l’international, trois ans à Calgary, alors j’avais un gros bagage. Sans rien enlever à Derrick Campbell, les gars sont contents du changement. Ils voient ma passion et mon énergie nouvelle. Ce sont les mêmes distances, les mêmes objectifs, mais avec une approche différente. C’est un réel plaisir de côtoyer les meilleurs patineurs au monde!»

Comment le Thèclois a-t-il perçu l’évolution de son sport depuis qu’il était lui-même patineur de vitesse lors des Jeux olympiques de 1998, 2002, et 2006? «Je pense que c’est un tout. Les athlètes sont devenus encore plus professionnels Ils font quatre fois le salaire que je faisais en 1998. Ils sont mieux encadrés au niveau financier par le gouvernement et par Patinage canada, c’est devenu beaucoup plus une business. Les entraîneurs sont meilleurs et l’équipe de soutien également. On a un préparateur physique, un préparateur mental, un nutritionniste, deux physiothérapeutes, des médecins associés à nous. C’est du personnel qu’il n’y avait pas nécessairement à l’époque. L’équipement joue aussi pour beaucoup. Au niveau technique sur la glace, il y a aussi beaucoup de subtilité qu’il n’y avait pas à l’époque. Les règlements ont aussi changé la façon de courser. Il faut se réorienter et toujours se mettre au goût du jour comme entraîneur. Il y a eu une belle progression des records du monde depuis 30-40 ans.»

À Sainte-Thècle

Éric Bédard retourne dans son patelin natal lorsqu’il a l’occasion afin de voir sa famille qui y demeure toujours. Mais comment est-il accueilli dans le village par les gens lorsqu’il sort faire des emplettes ou au restaurant? «Sainte-Thècle c’est mes racines et c’est une grande famille. Oui il y a ma famille de sang, mais je sais que tout le village a tripé quand j’ai participé aux Jeux. Les gens sont fiers de moi et je suis fier de dire que je viens de Sainte-Thècle. C’est des échanges respectueux avec les gens. Quand j’y retourne, c’est des vacances pour moi et je ne pense pas au travail.»

Il y a eu un nouveau souffle au cours des dernières années à Sainte-Thècle. Comment le médaillé olympique voit-il son village d’un œil externe lorsqu’il y retourne. «Je suis fier et content de voir de deuxième souffle. Le village a été prospère dans les années 1980 avec l’industrie du bois. Ça bougeait énormément. Puis comme on le sait, l’industrie forestière a commencé à décliner dans les années 1990. Aujourd’hui, de voir des commerçants s’y implanter, mais aussi de voir une vague de jeunesse, c’est vraiment génial. Ce sont deux frères de mon âge qui ont la quincaillerie BMR, les propriétaires du Café aux Cinq sœurs sont dans la trentaine, la propriétaire de En Vrac à une trentaine d’années, on a un restaurant mexicain… Ça bouge de plus en plus. C’est un village de plein air autant hiver comme été. Il existe une qualité de vie et je crois que c’est ce qui fait en sorte que Sainte-Thècle peut se démarquer. On peut avoir notre petit coin de paradis pour beaucoup moins cher qu’on peut penser.»

Éric Bédard

Son équipe

Le Thèclois à la chance de compter sur un mélange de recrues et de vétérans au sein de son équipe. «Cédrick Blais et Steven Dubois en étaient à leur première expérience à la Coupe du monde. Steven a déjà enregistré le meilleur temps canadien à vie au 500 m, et il a gagné sa première médaille à Salt Lake City. Ils sont déjà dans l’élite mondiale. Les deux vétérans Charle Cournoyer à 27 ans et Charles Hamelin à 34 ans, ont beaucoup d’expérience. Charle Cournoyer était des deux derniers Jeux olympiques. Charles Hamelin n’a plus besoin de présentation. Ces deux vétérans sont importants pour le relais et ils sont des machines d’entraînement et ils tirent les autres vers le haut. Ça donne beaucoup de profondeur à l’équipe quand on a des leaders comme eux. Samuel Girard, qui à 22 ans, et Pascal Dion à 23 ans, malgré leur jeune âge ont énormément d’expérience sur le circuit. J’ai un bon mixte de jeunes et d’expérience. Le plus beau, c’est que les huit gars s’entendent à merveille. Notre but commun, c’est d’être les champions olympiques au relais dans quatre ans.»