La librairie Clément Morin, plus qu’un souvenir…

Lundi 30 avril 2012 est sans contredit un jour de deuil pour la culture shawiniganaise. Celui où la librairie Clément Morin a mis définitivement la clé dans la porte, faisant de Shawinigan l’une des seules villes de 50 000 habitants à n’avoir aucune librairie sur son territoire.

Cette fermeture laisse un goût amer pour les neuf employés qui ont perdu leur emploi, comme à l’ensemble de la population. Installée à la Plaza de la Mauricie depuis plus de 25 ans, la librairie Clément Morin a officiellement terminé ses opérations à 17h30 lundi, question de non-rentabilité selon le propriétaire. «La succursale n’est pas profitable», avait-il déclaré lors de l’annonce.

«Ce n’est pas un commerce comme un autre, souligne l’une des employées, Lucie Arcand. C’est un lieu de culture, de rencontre. Les gens viennent ici pour bouquiner, pour discuter, pour être conseillés. Le libraire est un professionnel, avec beaucoup de culture et d’expérience, il peut référer et offrir un service personnalisé.»

Dans une lettre ouverte écrite par l’équipe d’employés, ou plutôt d’ex-employés, on peut lire des remerciements aux clients servis au fil des ans, les fidèles et ceux de passage. «Grâce à vous, nous avons pu gagner notre vie et évoluer dans un univers stimulant et diversifié: celui du livre. Vos commentaires bienveillants des dernières semaines ont mis un baume sur notre tristesse de devoir quitter un emploi que nous aimions.»

Cette semaine, un véritable élan de sympathie a atteint les employés. Accompagné d’une couronne de fleurs, un livre de condoléances a été offert par un client pour marquer la fin. À l’image du deuil que cause cette fermeture, le livre a été déposé à l’entrée de la librairie, entourée de la couronne et de plusieurs livres de circonstance.

Sur les pages blanches du livre de condoléances, de nombreux commentaires de la population ont été écrits, clients fidèles, clients de passage, voisins de magasin, etc. «1000 fois merci pour vos loyaux services», «C’est un jour de deuil intellectuel», «Vous avez écrit un beau livre d’histoire, qui a une fin triste», «Un livre c’est une fenêtre qui s’ouvre… mais cette fois, c’est une librairie qui se ferme», «Vous m’avez servi pendant plusieurs années, vous m’avez partagé votre passion, votre amour pour les livres», «Je viens juste de perdre un ami (la librairie) inestimable, vous allez beaucoup me manquer».

Une relance dans l’air?

Déterminés à ne pas baisser les bras, les neuf ex-employés souhaitent une relance de la librairie. Et pour bientôt, peut-être même d’ici l’automne. «Au prix où sont les livres et l’essence, c’est impensable d’aller chercher un livre à Trois-Rivières, estime Mme Arcand. Faire un détour pour aller acheter un livre à 20$, qui avec l’essence pour s’y rendre va revenir à 30$, c’est tout simplement inconcevable.» Pour l’instant, le groupe veut entreprendre des démarches auprès d’une bannière déjà existante, qui s’est rendu sur place récemment. Il y aurait donc peut-être un intérêt. Sinon, le groupe compte se pencher sur les autres alternatives, comme par exemple celle de la formation d’une coopérative.