Présent et proche des humains

À La Tuque, pays où les eaux souffrent d’hypothermie, où les rochers ont de grosses engelures grises, où les sapins sont bedonnants d’une épaisse neige immaculée, où enfin les branches des arbres frissonnent à -32C, le curé, bien connu, bien aimé, Marc Lahaie, s’amène au Resto Stratos, en ce 18 mars, à 8h30, pour un déjeuner-entrevue de près de 90 minutes d’échanges psycho-sociaux, religieux et spirituels, dans une ambiance décontractée.

Comme pour contrer le froid sibérien qui sévit, l’abbé Marc, intronisé curé de la paroisse St-Martin de Tours à La Tuque en décembre 2012, s’introduit fort chaleureux et rieur, bouillant d’enthousiasme, flamboyant dans ses énoncés, enflammé par ses projets. Malgré ce climat de froideur, le feu ardent de sa passion et la flamme du partage avec ses ouailles demeurent ses atouts de prédilection comme pasteur spirituel. Comme homme Marc Lahaie ne marine pas aux inquiétudes, au négativisme, au défaitisme mais il carbure à la solidarité humaine sur le terrain dans le plus profond respect des opinions d’autrui et de leurs convictions. Il est un être de défi et d’aventure, structuré, informé, d’un dévouement inlassable. Une journée-type pour lui n’existe pas. Il est anti-routine, le renouveau l’attise. Il est sans ornière sur le monde contemporain. Il se veut utile et sans préjugé. Il se donne corps et âme au profit du plus grand nombre, des malheureux et démunis, de la jeunesse qu’il affectionne particulièrement. Chez-lui, la motivation est plus grande que la fatigue. Pour lui, l’humilité n’est pas l’humiliation mais plutôt la grande porte de l’humanité qui s’ouvre sur un monde à renouveler dans les petites choses du quotidien.

Ce curé, d’où vient-il?

Marc Lahaie est né à Cap-de-la-Madeleine le 6 avril 1966… à 6 heures du matin, pesant 6 livres et 6 onces, exigeant 6 biberons par jour, selon sa boutade…. Il fut ordonné prêtre le 18 avril 1993 en l’église Ste-Madeleine. Après 2 ans comme vicaire à Cap-de-la-Madeleine, de 1995 à 1999, il sera animateur de pastorale, animateur à la vie spirituelle et communautaire, sur le vaste territoire de St-Tite, St-Roch, Mattawin et à l’École Secondaire Paul Le Jeune. De 1999 à 2009, il cumulera la lourde et noble tâche de la cure de St-Georges-de-Champlain et d’animateur de la pastorale au Séminaire Ste-Marie de Shawnigan. D’août 2009 jusqu’en octobre 2012, il se fera missionnaire au Brésil. De retour au pays, c’est à La Tuque, qu’on lui confiera un ministère sur un immense territoire. Cette mission évangélique requiert plus de 80 heures par semaine d’implication pour le nouveau curé bien secondé par de vaillants bénévoles. Jadis, neuf prêtres couvraient ce même district apostolique. C’est un immense terrain de jeu qu’il sillonne en auto, en moto mi-trail et mi-route.

Joies et souffrance du curé

Pour travailler aussi dur, il faut savoir ménager sa monture. Pour l’abbé Marc, bien dormir, bien s’alimenter, prier incessamment et se tenir actif par la pratique des sports comme le badminton et le racket ball sont indispensables à son équilibre, à son harmonie psychosomatique. La sieste du curé est certes nécessaire mais non indispensable. «Personnellement, dira-t-il, je la saute pour être plus productif. Je travaille avec les modernités du présent siècle, i.e. facebook. J’y gère tellement de situations en soirée pour les six petites communautés, les deux églises, les 8 bâtisses, l’hôpital, les maisons des ainés et les écoles de spiritualité pour jeunes qui me sont dévolus. Le vendredi est réservé à la visite de mon père, à y faire l’épicerie, à répondre à quelques urgences hors de mon territoire apostolique». Ce sont là autant de joies qui meublent sa vie d’homme d’action et de prêtre engagé. Sa seule souffrance est de devoir décliner de nombreuses invitations à servir Dieu lors de funérailles, de mariages, de célébrations eucharistiques particulières qui sont en dehors de la Haute Mauricie. «Pour être capable de bien servir les miens, il me faut être désormais, et à mon plus grand regret, plus sélectif que jamais. On travaille en équipe et on doit toujours aller à l’essentiel».

C’est quoi prier pour l’abbé Lahaie

Prier, c’est d’avoir du souffle au-delà de la respiration, c’est permettre par ses agirs que la vie puisse croître. Prier, c’est mettre de l’harmonie et de l’espoir dans le quotidien des gens qui nous entourent. Prier, c’est prendre soin de l’Église et davantage de ses fidèles malheureux et démunis. La prière de la sérénité est fondamentale. Elle recommande d’avoir la sérénité d’accepter les choses que l’on ne peut changer, le courage de changer celles que l’on peut et la sagesse d’en connaître la différence… mais vous l’abbé Marc, ne changez pas un iota de ce que vous êtres sinon nous aurons le courage et la sagesse de mettre bon ordre à tout égarement là-dessus.