Don d’organes : «C’est important d’en parler avec ses proches pour les aviser»

TÉMOIGNAGE. Le téléphone a sonné au beau milieu de la nuit. Josée Massicotte devait aider sa fille à déménager à Sherbrooke le lendemain matin, mais les plans ont changé: elle aurait sa greffe du pancréas.

C’était il y a sept ans. Josée avait alors 49 ans et vivait depuis 37 ans avec un diabète. Elle arrivait à bien le gérer, mais l’année précédant sa greffe, sa pompe d’insuline n’était plus efficace.

«Ça restait sous les tissus et ça agissait d’un coup. Je faisais des hypoglycémies très vite et de façon très grave. Je ne les sentais plus venir la nuit depuis quelques années. Je ne me réveillais plus quand ça survenait. Pour m’assurer d’être correcte, je devais mettre une alarme trois fois par nuit pour vérifier ma glycémie», raconte Josée Massicotte.

Il était important pour elle de prendre la parole à l’occasion de la Semaine nationale du don d’organes qui s’est terminée samedi parce qu’il y a encore de l’éducation à faire autour du don d’organes.

Car si 92% des Québécois se disent favorables au don d’organes d’après un sondage de Transplant Québec, une famille sur cinq a refusé le don d’organes d’un de leurs proches au cours de la dernière année, et ce, malgré le consentement écrit du donneur.

«Il faut en parler avec les jeunes, qu’ils en discutent à leur tour dans leur famille. Quand on signe notre carte pour autoriser le don d’organes, c’est important d’en parler avec ses proches pour les aviser, discuter de nos motivations. Ainsi, si ça doit arriver, c’est plus facile pour la famille et au moins, elle sait ce que la personne voulait», explique Josée Massicotte.

«Avec les organes d’un seul donneur, on peut sauver jusqu’à huit personnes et redonner la santé à 20 personnes, précise-t-elle. Un don d’organe, ça aide une personne, mais aussi une famille. Mon chum était inquiet quand je faisais des hypoglycémies sévères. Il était anxieux quand il partait. Pareil pour ma fille. Ça les a libérés quand j’ai pu avoir ma greffe.»

«J’ai été chanceuse puisque je n’ai pas eu à attendre très longtemps pour recevoir ma greffe. Il y a des critères très stricts à respecter pour être admissible à une greffe, rappelle-t-elle. Heureusement, en ce qui me concerne, mes reins étaient encore très fonctionnels, ce qui m’a permis d’avoir accès à la greffe. Mais tu ne sais jamais si ça va fonctionner.»

Elle comprend aussi que ce doit être éprouvant pour la famille du donneur d’organes. «Quand on m’a annoncé que j’avais un donneur d’organe pour un pancréas, j’ai pleuré en sachant que mon nouveau pancréas avait 18 ans. J’ai aussi vu de beaux témoignages de familles de donneurs d’organes, car ils ont aussi l’impression que leur proche n’est pas mort pour rien.»

«Pour moi, cette greffe, c’était pour ma qualité de vie, mais imagine un cœur que tu enterres alors qu’il aurait pu sauver un enfant, une mère de famille… C’est pour ça que c’est important d’en parler avec sa famille», poursuit-elle.

En Mauricie et au Centre-du-Québec, 38 personnes étaient en attente d’une transplantation en date du 31 décembre dernier. De ce nombre, 24 étaient en attente d’un rein.

«En temps de pandémie, c’est encore plus difficile d’avoir accès au don d’organe pour les gens très malades. Ils sont plus de 800 au Québec à attendre un nouveau rein, jeunes enfants comme adultes. Beaucoup ne trouvent jamais et finissent par décéder», souligne-t-elle.

Aujourd’hui, Josée Massicotte ne fait plus de diabète grâce à son nouveau pancréas. Sportive, elle a même participé aux Jeux internationaux des greffés en Espagne en 2017 où elle a remporté la médaille d’argent dans son groupe d’âge en cyclisme, ainsi que le bronze en badminton en équipe.

Don d’organes

Au Québec, le don d’organes après décès n’est possible qu’en deux circonstances: après le décès neurologique et, dans de plus rares situations, après le décès cardiocirculatoire (ou mort cardiovasculaire). Dans tous les cas, il s’agit d’une personne ayant subi une lésion grave et irréversible au cerveau et chez qui il n’y a plus aucun espoir de survie.  Certains dons peuvent être faits de son vivant, comme un rein ou un lobe de foie. (Source : Transplant Québec)

Seulement 1,4 % des personnes qui décèdent à l’hôpital peut devenir un donneur d’organes, soit l’équivalent de 450 à 500 personnes par année pour tout le Québec si toutes les conditions sont réunies chaque fois.