Du textile à la bière

C’est maintenant officiel: la première cuvée du Trou du Diable (TDD) brassée à l’intérieur de l’ex-Wabasso arrivera sur les tablettes en février 2013.

En conférence de presse ce matin, Michel Angers a annoncé que pour s’autofinancer, le Centre d’entreprenariat Shawinigan (CES) réservait environ 60 000 pieds carrés d’espaces locatifs à l’intention des entreprises existantes en processus d’expansion et que la micro-brasserie shawiniganaise devenait le premier locataire de ce volet baptisé hôtel industriel.

«Il n’est pas question de délocaliser des entreprises qui ont déjà pignon sur rue mais de leur permettre de prendre de l’expansion. Les coûts de location seront comparables à ce qui est offert sur le marché», a précisé le maire. Sans divulguer le tarif exact au pied carré, Michel Angers a rajouté que les pme issues de l’incubateur industriel bénéficierait quant à eux d’un coût préférentiel. «La vocation première du Centre d’entreprenariat demeure le démarrage d’entreprise», a-t-il spécifié.

Dans le cas du TDD, il occupera environ 19 000 pieds carrés à l’intérieur de l’ancien immeuble industriel. Il occupera l’aile du bâtiment située au coin de la rue Saint-Léon et de l’avenue de la Station. «On a semé plusieurs graines ces dernières années, il est maintenant temps de récolter», a imagé Isaac Tremblay, le porte-parole des cinq actionnaires de la micro-brasserie.

Dans son nouvel emplacement, le TDD produira 5000 hectolitres (1600 caisses de 12 bières de 500 ml) par semaine alors qu’elle en brasse présentement 1200 hectolitres sur la rue Willow qui demeurera bien sûr ouvert. «Les cuves là-bas serviront dorénavant à faire des tests de brassage.» Dans un horizon de 5 ans, TDD veut faire passer sa production annuelle à 20 000 hectolitres, ce qui la placerait parmi des micro-brasseurs de la taille de Dieu du Ciel et La Barberie.

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«Un virage s’imposait, explique Isaac Tremblay. Nous étions rendus à pleine capacité sur la rue Willow et les parts de marché pour les bières de goût ne cessent de croître d’année en année. Actuellement à 6,2%, ils devraient augmenter à 12% en 2017. «Il se passe au Québec avec la bière la même chose qu’avec le fromage. Les gens ne mangent pas plus de fromages fins, ils mangent juste moins de Saputo. C’est pareil pour la bière. Ils ne boivent pas plus de bières de micro-brasserie, ils boivent juste moins de Molson», a comparé André Trudel, maître brasseur du TDD.

Visibles de l’extérieur grâce aux grandes fenêtres qui ceinturent l’immeuble, les cuves de brassage devraient être installées au mois d’octobre. L’embouteilleuse, qui pourra encapsuler jusqu’à 3000 bouteilles à l’heure, arrivera seulement en janvier. «Ça nous retarde d’un mois», déplore Isaac Tremblay, conscient que ces équipements spécialisés ne court pas les rues.

Au volet production industriel, il faudra ajouter un volet touristique au projet puisque le TDD aménagera un salon de dégustation. Ce mini-centre d’interprétation de la bière réservera une part aux origines de la Wabasso. «Il y a une âme ici. C’est une bâtisse inspirante», a d’ailleurs souligné Isaac Tremblay.

Le projet de 2,5 millions$ créera une quinzaine de nouveaux emplois et consolidera ceux de la quarantaine de personnes qui travaillent déjà sur la rue Willow. Le TDD vise bien entendu le marché québécois et étranger comme les provinces des Maritimes, l’Ontario, l’Alberta et la Colombie-Britannique, de même que les Etats-Unis, mais sans négliger pour autant le marché local. Il y aurait en Mauricie 200 points de vente et le TDD entend mettre des efforts importants pour s’y implanter. «Il va y avoir une plus grande variété de bières et une meilleure disponibilité», prévoit Isaac Tremblay.

«Tout est en place pour des choses grandioses», s’est d’ailleurs enthousiasmé le maire Michel Angers en présentant les premiers locataires de l’immeuble.