La fermeture à Grand-Mère aurait pu être évitée

USINE. Le Syndicat des travailleuses et des travailleurs du papier de la Mauricie (CSN) dénonce l’attitude de Produits forestiers Résolu (PFR) qui vient d’annoncer la fermeture prochaine de son usine Laurentide située à Shawinigan.

«Si l’usine est désuète, c’est la conséquence directe de la négligence et d’un manque d’investissement chronique de PFR, indique Alain Lampron, président de la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN). Lors du rétablissement financier de PFR qui avait demandé à leurs employés d’accepter des coupures de salaires, c’était clair pour le syndicat que la compagnie devait investir dans la modernisation des équipements, comme pour n’importe quelle autre usine. Une partie des sommes de l’allégement financier aurait dû être réinvestie. Nous sommes conscients qu’il y a une baisse de la demande pour le papier journal, mais la compagnie aurait pu essayer de changer une partie de sa vocation.»

L’usine de Shawinigan utilisait encore des billes de bois pleine longueur plutôt que des copeaux, comme la grande majorité des usines du Québec. Cette ancienne technologie permet d’obtenir une excellente pâte, mais elle est beaucoup plus énergivore que la nouvelle.

Comment le syndicat qualifie-t-il les actions de PFR? «Avec d’autres entreprises, elles prennent le temps de s’assoir avec les gens du syndicat pour trouver des pistes de solutions lors de difficulté, et pas juste annoncer qu’elle met la clé dans la porte six semaines avant la fermeture. Dans le cas de l’usine à Grand-Mère, c’est déjà réglé et il n’y a pas de discussion possible», ajoute M. Lampron.

Maintenant, le syndicat s’attaquera aux négociations. «On venait de commencer les négociations. C’est officiel que nous n’avons pas le même pouvoir avec l’annonce de la fermeture. J’espère que PFR fera des efforts et aura une ouverture pour le reclassement des employés, et que le reclassement se fera par ancienneté. La moindre des choses serait de l’offrir aux employés. C’est dommage, surtout en lien avec la dernière fermeture de la machine 10, puisque ce sont les plus jeunes employés qui avaient perdu leur emploi. Cette fois, c’est pire puisque la majorité des travailleurs sont en fin de carrière. C’est encore plus dramatique!», opine le président de la FIM-CSN)

PFR n’a pas hésité, depuis plusieurs années, à réclamer l’aide du gouvernement et demandait encore récemment l’accès à du bois pour la pâte à un coût moindre que ce qui est prévu dans le nouveau régime forestier de 2013. L’entreprise s’est également vu refuser le transfert de garanties d’approvisionnement en provenance de la forêt publique d’une région à l’autre.

Résolu n’a pas cessé de faire rivaliser les usines l’une contre l’autre pour faire baisser les conditions de travail en menaçant une ou l’autre de fermeture. C’est une attitude inacceptable pour le syndicat.

La CSN compte malgré tout entreprendre toutes les démarches possibles pour tenter d’éviter la fermeture «permanente» annoncée pour le 15 octobre prochain.