La garderie qui ressemblait à un château

ÉDUCATION.  Le CPE La Tourelle de l’Énergie a officiellement ouvert son 4e point de services au cours des dernières semaines dans l’ancienne église Saint-Bernard, mais l’enthousiasme des enfants et des éducatrices à s’approprier cet environnement singulier fait maintenant place à une forme d’inquiétude devant les réticences du ministère de la Famille face au projet. 

La nouvelle garderie qui ne devait officiellement ouvrir ses portes qu’en août 2022 a accueilli ses premiers enfants quatre mois plus tôt suite aux pressions du ministère de la Famille, soucieux de combler les nombreuses places manquantes dans le réseau. Ironiquement, ce même ministère se fait tirer l’oreille aujourd’hui déplore la directrice générale du CPE La Tourelle de l’Énergie, Caroline Quessy.

« Le ministère est dur à suivre, souligne-t-elle. Il nous a permis d’investir près de 100 000 $ dans l’aménagement d’une cuisine et des locaux et il nous dit maintenant que ce n’est finalement pas une aussi bonne idée de demeurer à l’église. C’est très décevant. »

Le projet d’aménager un CPE dans l’ancienne église de la 3e rue de la Pointe a subi plusieurs modifications depuis son dévoilement en août 2021. Alors que le CPE devait devenir propriétaire des lieux, il sera simple locataire à la demande du gouvernement. Et comme le ministère de la Famille pressait le CPE d’ouvrir ses portes, c’est dans des locaux transitoires que la rentrée s’est effectuée.

Les quarante-sept enfants et la douzaine d’éducatrices du CPE logent donc temporairement dans l’aile droite de l’église, le temps que des travaux soient réalisés dans la partie gauche, celle donnant sur la rue Mercier. « L’objectif, c’est que ça soit terminé pour mai 2023, souligne Caroline Quessy qui a décidé d’aller de l’avant en dépit des réserves du ministère. Ça sera ici ou rien du tout », tranche-t-elle.

Cette incertitude n’est pas sans désagrément puisque pour l’instant, le point de services n’a pas de salle de motricité, ni de cour extérieure clôturée comme tout bon CPE se doit. Cette aire de jeux sera située à l’arrière de l’église, sur les terrains gazonnés donnant sur la 2e rue de la Pointe.

Aménagé un CPE dans une ancienne église est probablement une première au Québec, mais celui de La Tourelle de l’Énergie a aussi la particularité d’être multiculturelle. « Je ne sais pas combien de temps ça va me prendre pour apprendre tous les noms des enfants, dit en souriant la directrice générale qui, dès l’acceptation du projet l’an dernier, avait établi des contacts avec le SANA (Service d’aide aux nouveaux arrivants) de Shawinigan et le Centre d’amitié autochtone.

Même les éducatrices participent à cette  »société des nations ». « J’en ai qui viennent du Congo, de l’Algérie et du Portugal. Même la directrice adjointe est née en France », souligne Caroline Quessy qui souhaite vraiment que le ministère donne son approbation officielle bientôt.

« C’est vraiment un projet mobilisateur dans la communauté. Les éducatrices sont vraiment motivées à venir travailler dans cet environnement.  Il y en a qui ont été baptisée ici ou qui venaient assister à la messe de minuit. Même les enfants sont contents. Une maman a écrit sur Facebook récemment que son garçon était fier d’aller à l’école dans un château », conclut-elle.