Le bétail non traditionnel est en vogue dans la région

Les fermes québécoises se sont plutôt développées autour des espèces traditionnelles telles que le bovin, le porc et la volaille. Or il existe plusieurs autres espèces, auxquelles nous ne pensons peut-être pas, destinées à l’élevage.

Le bétail dit non traditionnel est une catégorie qui recouvre plusieurs espèces et plusieurs marchés. Ils sont regroupés surtout parce qu’ils comprennent des bêtes dont l’élevage est relativement récent. Ces espèces comprennent entre autres le cerf mulet, le daim, le cerf de Virginie, le wapiti, le sanglier, le bison et le caribou.

Ces productions non traditionnelles ont vu le jour, pour la majorité, dans les années 80. Les producteurs d’alors cherchaient des façons de varier leurs sources de revenus et d’utiliser des terres agricoles moins productives. Les consommateurs, quant à eux, ont graduellement développé un intérêt pour ces nouvelles viandes, soit par envie d’aliments plus exotiques ou encore pour leurs bienfaits potentiels sur la santé.

Le Canada n’est pas un si grand consommateur de gibier, mais la production de bétail non traditionnel prend de plus en plus d’expansion. L’apparition de fermes à gros gibier a permis à l’industrie de tirer des revenus de l’abattage d’animaux et ce nouveau développement a amené plusieurs secteurs de l’industrie à collaborer en vue de profiter de cette chance. Dans les années 90, plusieurs de ces nouvelles espèces se sont répandues rapidement. Cette croissance entraînait généralement une forte hausse de la valeur des animaux reproducteurs.

Les éleveurs de cerfs de Virginie, de cerfs mulot et de sangliers se sont regroupés et coordonnent leurs activités avec les éleveurs de wapitis par exemple. Les éleveurs de sangliers ont également cerné les débouchés à l’exportation de produits en Asie (surtout sur le marché japonais) et en Europe. Ils sont en bonne position pour profiter de la croissance constante de la cuisine ethnique au Canada et de la diversité des cuisines dans le monde. En même temps, les éleveurs de bisons sont sur le point de connaître une croissance vigoureuse dans la consommation de leurs produits, viandes, cuirs et autres au Canada, en Amérique du Nord et dans le monde. À Saint-Prosper, dans la MRC Mékinac, Daniel Gagnon et Sylvie St-Arneault de la Ferme La Bisonnière sont devenus rapidement curieux de mieux connaître et comprendre le bison. Depuis 1990, leur attachement à la ferme est de plus en plus profond, car ils sont simplement tombés en amour avec cet animal impressionnant.

Quant à Nicolas Gauthier, propriétaire de la Ferme Laies Marcassins du Rieur sanglier à Yamachiche, il est un des rares éleveurs de sangliers dans la région. Il détient un peu plus de 300 têtes et est en production depuis 1998. Ayant un baccalauréat en agronomie, Nicolas a par la suite orienté sa formation plus particulièrement sur la mise en marché des nouvelles viandes. «J’ai fait la tournée des éleveurs et mon choix s’est arrêté sur le sanglier. Pour démarrer quelque chose dans le grand gibier, le sanglier était le plus approprié pour moi. La demande pour la viande est bonne et c’est le plus économique à démarrer. C’est un animal qui s’adapte bien au climat d’ici; il est rustique, cela piquait ma curiosité.»

Pour sa part, Georges Bélanger de la Ferme Exotec, à Grand-Mère, s’intéresse à l’élevage du wapiti ainsi qu’aux produits dérivés de cet animal. «Goûter au wapiti, c’est goûter ce que nos ancêtres mangeaient, c’est reculer les pendules de plus de 400 ans en arrière. Dans le wapiti, il y a un peu de nous, de nos racines».

De plus en plus, au Québec, il y a une évolution de la production animale non traditionnelle. Les intervenants de l’industrie du bétail non traditionnel sont normalement des petites entreprises, mais ils affichent leur volonté d’améliorer les marchés. Quant aux consommateurs, c’est pour eux une chance unique de développer des intérêts pour de nouveaux produits qui sont peut-être encore trop méconnus par certains.