Le concept de J’ai mon appart’ rayonne à Paris

INCLUSION.  Le professeur de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) Martin Caouette a offert tout un cadeau à Félix Lapointe, un des ambassadeurs du projet J’ai mon appart’ alors qu’il l’a invité à participer au Colloque francophone sur l’autodétermination et le handicap à Paris en France à la fin du mois d’octobre dernier.

Il faut savoir que M. Caouette fait partie de la chaire de recherche sur l’autodétermination à l’UQTR et c’est lui qui réalise un suivi sur les 11 résidents qui ont désormais leur appartement dans la nouvelle bâtisse du secteur Grand-Mère.

En plus de Félix et de ses parents Michèle et Yves, Martin Caouette était accompagné de collègues de l’UQTR pour le colloque. « J’étais tellement fier d’arriver en gang, exprime-t-il. Au niveau de la chaire de recherche, je travaille avec la France depuis 10 ans, et pour l’autodétermination à l’époque, ça n’avait aucun sens. Maintenant les grandes politiques en France pour un handicap s’enlignent vers l’autodétermination. Avec tout ce qu’on a travaillé au Québec au fil des dernières années, on est arrivé là avec une belle crédibilité. »

Un des défis pour Félix lors du colloque était de prendre la parole devant une salle pleine, avec le défi de la langue française et ses particularités en France comparativement au Québec. « Un Félix dans un événement comme celui-là, ça fait une différence, poursuit le professeur Caouette. Le fait qu’il doive prendre la parole dans un contexte, devant une salle pleine de Français, et il avait cette préoccupation d’être compris. Je devais lui accorder une importance dans le rôle qu’il a joué dans J’ai mon appart’. L’objectif du colloque était notamment pour partager des expériences concrètes comme J’ai mon appart’. On peut être fier de ce qui se fait au Québec, en Mauricie et encore plus à Shawinigan. »

« Ce que je rapporte, ce que je raconte, ça ne peut pas être plus crédible quand Félix est là à côté. C’est pourquoi je l’ai invité, poursuit Martin Caouette. Quand Félix prend la parole, ce n’est pas juste ce qu’il dit, mais comment il le dit. Quand il prend la parole et que c’est traduit simultanément à côté en langage des signes, avec des personnes vivant avec une déficience intellectuelle, et une autre autiste, à côté une personne en fauteuil roulant, c’était ça le colloque. C’est ça l’inclusion, c’est ça la société. Que Félix soit là, c’était ça le plus important, ça n’aurait pas eu le même sens. »

Le chercheur ajoute que c’est par l’inclusion que les tabous peuvent tomber. « Tous les grands mouvements sociaux, les noirs, les gais, les femmes, l’intimidation ont eu des porte-parole qui ont parlé de ce qu’ils ont vécu, avec des alliés autour. Il faut s’assurer d’entendre la parole de Félix, et de tous les locataires de J’ai mon appart’. Il faut inverser les choses, ils doivent prendre plus la parole, et on doit plus écouter. »

Pour démontrer la différence des mentalités, certaines personnes au colloque sont demeurées incrédules lorsque Félix a présenté son bail et ses clés. « Les gens se demandaient si le bail avait une valeur légale, ils croyaient que c’était symbolique. Je leur répondais qu’il s’agissait d’un vrai bail. Une personne est même venue me demander à trois reprises si ça avait vraiment une valeur légale », raconte M. Caouette.

Avec cette inclusion grâce au projet J’ai mon appart’ à Shawinigan, les jugements négatifs concernant le handicap des résidents sont beaucoup moins fréquents.

À la suite du colloque, Félix et ses parents ont profité de l’occasion pour passer des vacances à Paris. Est-ce que sa mère Michèle a constaté une différence dans la perception des Parisiens comparativement à ici? « On a vu une autre personne trisomique dans le voyage sur trois semaines. J’ai vu qu’il y avait de l’étonnement dans les yeux de la mère de la personne quand elle nous a vus avec Félix. Pour les Français, le pire handicap qui peut arriver à une personne c’est la trisomie. Il y a très peu de personnes trisomiques dans les habitats inclusifs en France. Pendant le voyage, on a été regardé avec étonnement. Bien souvent, on ne savait pas où aller et Félix prenait l’initiative d’aller demander le chemin. Les gens demeuraient étonnés de voir que Félix était capable. C’était important pour lui de montrer qu’il était capable de demander son chemin. »