Le cri du cœur de restaurateurs

SHAWINIGAN.  Sans l’ombre d’un doute, les restaurateurs ont vécu des montagnes russes depuis les dernières années. Fermetures obligatoires, manque de personnel, hausse des prix des aliments, devoir faire respecter les mesures sanitaires, impatience accrue des clients… Mais voilà qu’un autre phénomène s’ajoute à la gestion, la clientèle qui réserve une table et qui ne se présente pas. 

Il y a quelques semaines, le copropriétaire du Saint-Mo bistro gourmand David Rouette a pris le taureau par les cornes et a diffusé une vidéo sur la page de l’entreprise en direct de sa cuisine. La raison : les groupes de personnes qui réservent, qui sont moins que le nombre de personnes annoncé lors de la réservation, ou qui ne se présentent tout simplement pas au moment venu. « Les gens sympathisent avec nous pour les moments difficiles vécus, mais il faut que les actions parlent aussi », exprime David Rouette dans sa vidéo.

À la suite de la récurrence de cette problématique, le propriétaire a pris la décision pour tous les groupes de 10 personnes ou plus, de demander un dépôt de 20$ par tête à la personne responsable de la réservation.

Cette problématique est répandue chez tous les restaurateurs. Question d’appuyer son collègue, Charles Belisle, copropriétaire du restaurant la Pointe à Bernard est présent avec M. Rouette lors de l’entretien avec l’Hebdo.

« On vient de passer un été de fou avec un manque de personnel. J’avais une soirée où le restaurant était complet un jeudi, j’étais content. Un groupe de 20 descend à 15, un autre groupe de 15 à 8, un autre groupe qui ne se présente pas, et j’avais un groupe de 25 qui voulait monter à 38 que j’ai refusé parce que le restaurant était complet. Le groupe de 25 est allé ailleurs, mais si j’avais su pour les autres réservations, j’aurais pu rentrer le groupe de 38. Le téléphone n’arrêtait pas de sonner plus tôt dans la semaine, et on ne pouvait pas les prendre en pensant qu’on serait complet. Tu fais rentrer tous tes employés, et des clients ne se présentent pas et c’est récurrent. J’ai eu beaucoup de commentaires positifs après la diffusion de la vidéo, et je suis content de l’avoir fait », commente M. Rouette.

Ce dernier sait qu’il peut avoir de fortes opinions qui peuvent le nuire, mais il était prêt à assumer les conséquences de sa vidéo. « Je suis resté vrai, et de voir tous les gens qui m’ont appuyé, ça donné une bonne piste sur ce qui doit être fait. »

Par solidarité, Charles Belisle du restaurant la Pointe à Bernard a pris la balle au bond en appuyant son collègue. « Il fallait que ça sorte quelque part. Je trouvais ça un excellent timing en prélude aux partys des Fêtes pour faire réfléchir les gens. De notre côté, c’est arrivé quatre fois dans l’année qu’un groupe de 15 nous fasse faux bond. J’avais déjà pensé à une possible solution avant de voir la vidéo de David. On a pris la décision d’appeler la personne responsable la veille d’une réservation. Depuis septembre, ça fonctionne bien. En quelque sorte, il faut prendre nos clients par la main. On va utiliser cette façon tant que ça fonctionne, mais on pourrait aller jusqu’à la solution mise de l’avant par David. »

M. Rouette ajoute même qu’il n’est pas rare de voir une réservation d’un groupe être gonflée en nombre pour être en mesure d’avoir une salle plus intime pour le groupe. « Quand on commence à toucher les poches des gens, là ils commencent à réfléchir », termine le restaurateur.