Le Huard de Moïse Cadorette retrouvé en France

Soixante ans après avoir été mis à l’eau pour une expédition historique menant ses aventuriers de Trois-Rivières à la Nouvelle-Orléans, via lacs et rivières, un canot fabriqué par Moïse Cadorette a été retrouvé il y a quelques mois chez un marchand en France.

En 1949, à la demande de Mgr Albert Tessier qui désire commémorer l’épopée des premiers explorateurs français en terre d’Amérique, le manufacturier de canots de Saint-Jean-des-Piles fabrique deux embarcations, le Huard et le Griffon, dans lesquelles quatre jeunes Français s’embarquent.

Au départ le 25 mai au matin à Trois-Rivières, le Huard est confié à l’équipe Marquette composée de Jean Raspail et Philippe Andrieu. D’une durée de sept mois, l’aventure bénéficia à l’époque de nombreux reportages dans la presse québécoise, canadienne et américaine.

L’expédition est un succès et une fois terminée, le Huard – on perd la trace du Griffon qui aurait semble-t-il coulé au fond de la mer – est transporté en France où Jean Raspail le confie à son frère aîné. Les années s’écoulent, le canot s’empoussière, et le frère en question décède. La succession vend en vrac l’ensemble de ses avoirs et c’est alors que le Huard tombe entre les mains d’un brocanteur de Corbeil-Essonnes, petite commune située à une trentaine de km de Paris.

Entre-temps, Jean Raspail, devenu un écrivain reconnu en Europe, publie en 2005 un livre intitulé En canot sur les chemins d’eau du Roi où il fait revivre cette épopée de 1949. Un extraordinaire récit où l’on croise Champlain, Le Moyne d’Iberville, le père Marquette, Cavelier de la Salle et autres illustres explorateurs de la Nouvelle-France. L’ouvrage obtient un bon succès et c’est l’un de ses lecteurs qui reconnaîtra tout à fait par hasard le fameux canot au hasard d’une visite chez le brocanteur.

Entreposé maladroitement dans un vieux hangar rempli de ferrailles, le Huard est acquis pour la somme de 600 euros (environ 900$). Sans doute beaucoup plus que le prix reçu par Moïse Cadorette soixante ans plus tôt.

Contacté, Jean Raspail, aujourd’hui âgé de 83 ans, est rapidement invité à venir sur les lieux afin de confirmer qu’il s’agit bel et bien du canot fabriqué par Moïse Cadorette. Des retrouvailles que les témoins ont dit «remplies d’émotions.»

Une bien belle histoire pour le futur temple de la renommée du canot de la Classique…