«L’école à la maison, c’est un mode de vie!»

ÉDUCATION. «On accepte de partager notre histoire, parce que contrairement à ce qu’on peut penser, ce ne sont pas des extraterrestres ou des gens en commune qui font l’école à la maison, mais aussi du monde normal!», exprime le père de la famille de quatre enfants, Christopher Poisson.

Ce n’est pas en raison de la pandémie que la famille Poisson prodigue l’enseignement à domicile. La famille résidant au secteur Shawinigan-Sud a adopté ce mode de vie depuis 7 ans.

Tout a commencé avec l’aînée de la famille Sarah-Rose alors qu’elle débutait la maternelle. Elle est maintenant âgée de 11 ans et elle est en 6e année. Puis, la deuxième fille de la famille, Leah, est âgée de 9 ans et est en 4e année. Et, les deux petits derniers, deux garçons, Charles entame sa 1ère année à 6 ans et demi, et le cadet Joseph de 4 ans et demi est en maternelle.

«Je travaillais à l’Assemblée nationale du Québec, et j’ai tout arrêté pour devenir maman à la maison, exprime la mère Myriam Pagé-Poisson. Je voulais faire partie de l’éducation de mes enfants et être témoin de tout. Tant que c’est dans l’intérêt des enfants, on va continuer à le faire. Mais chaque année, on évalue la situation de chacun de nos enfants pour se dire si c’est dans son intérêt de continuer. Je suis critique et sévère envers moi-même, alors c’est un peu la même chose pour eux.»

Le couple se partage les tâches, par exemple la mère donne les cours de français, et le père est responsable des mathématiques. À chacun leurs forces. Fait particulier, les enfants recevront une certification québécoise et états-unienne de réussite. «Parfois il y a des éléments d’information différents avec la culture des États-Unis. Par exemple pour l’histoire, ça peut être différent tout dépend de qui l’a écrit. On retrouve souvent un nationalisme en histoire», explique le père Christopher.

On note une explosion de familles qui réalisent l’éducation à domicile en 2020.

Myriam affirme qu’elle n’était pas tout à fait en terrain inconnu au départ il y a 7 ans, puisque la mère de son conjoint a enseigné à la maison pendant plusieurs années.

«L’école à la maison, c’est un mode de vie! Charles est juste en 1ère année, mais il connaît tout de la colonisation de la Nouvelle-France, les Algonquins, les Iroquois, les Incas… Parce qu’il a vu ses sœurs l’apprendre, il est venu dans les musées avec nous. Il a déjà des connaissances plus grandes parce qu’il fait partie de la famille et il vient avec nous dans les visites, et il pose des questions. Quand ça sera son tour en 3e année, il connaît déjà toute la matière, alors ça sera facile.»

Par exemple, la mère a mis de l’avant la matière «Les sciences ensemble». Une thématique est mise de l’avant, par exemple la neige, et le niveau d’enseignement sera différent et personnalisé pour chacun de ses enfants, en une seule activité.

Et le volet social?

«Beaucoup de gens sont inquiets au niveau social, et même mon mari au départ, exprime la mère de 34 ans. On croit que l’aspect social, ce n’est pas seulement pour eux d’interagir avec d’autres enfants de leur âge, mais avec n’importe quel groupe de gens. Ils ont des amis qui viennent du Liban, de l’Afrique, de la Chine, il y a des différences au niveau de la culture, mais ils apprennent à les connaître. Ils vont interagir avec des enfants de leur âge lors des cours de ballet ou de Butactik.»

L’année particulière 2020

Au cours de l’été, la petite famille a maximisé les sorties alors que c’était permis question de ne pas se faire prendre de court pendant l’année scolaire. «Pour nous, la Covid a un impact sur les cours de Butactik et de ballet, poursuit Myriam Pagé-Poisson. C’est le seul aspect négatif. Mes enfants sont dans les rares à avoir pu terminer leur année scolaire, contrairement à ceux dans les écoles. C’est incroyable le retard académique des enfants cette année. Il y a de la pression qui est mise sur le dos des enseignants pour combler ce retard, et de la pression sur l’enfant pour apprendre ces notions. C’est la raison pourquoi on a décidé de faire l’école à la maison, pour avancer au rythme de nos enfants. Les choses ont bien tourné pour nous, et plus tard lorsqu’ils parleront à leurs enfants, ils diront certainement qu’ils ont vécu la période Covid sans trop d’impact.»

Une expérience au profit des autres

Avec son expérience de 7 ans d’éducation à domicile, plusieurs personnes cognent à la porte de la mère afin qu’elle partage son vécu. «Ça fait peut-être 5 ans que je conseille d’autres familles. «Il y a beaucoup de familles qui commencent pour la 1ère et 2e année, mais ça devient un peu plus complexe en 3e année avec les divisions longues par exemple. Il faut se mettre à jour constamment. Aujourd’hui après 7 ans, je suis devenue une référence pour certaines personnes autour de moi. Et ça me fait plaisir de les aider dans tout ça.»

Mme Pagé-Poisson affirme qu’elle a même préparé un document cette année comme plusieurs familles voulaient commencer l’aventure.

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