L’église Saint-Pierre… à vendre?

PATRIMOINE. Devant des revenus en chute libre et d’importants travaux à réaliser dans les prochaines années, dont les coûts sont évalués à 2M$, la paroisse et la fabrique Sainte-Marguerite-d’Youville ont présenté avec émotion, lundi soir, leur intention de mettre l’église Saint-Pierre en vente et de la fermer en septembre prochain. Les propositions de certains paroissiens présentées lors de l’assemblée spéciale laissent cependant planer un dernier espoir.

Le coordonnateur de la paroisse, Denis Jean, a ouvert la rencontre en présentant le carnet de santé de l’église réalisé en 2017 par la firme d’architectes trifluvienne Régis Côté et associés. La liste de travaux est longue notamment en raison des infiltrations d’eau qui ont causé beaucoup de dommages au fil du temps.

Le coût des travaux à réaliser s’élèverait plus précisément à 1 985 610$. Depuis plusieurs années, malgré certaines réductions des dépenses, la paroisse et la fabrique enregistrent un déficit annuel de 71 000$. Les coûts annuels d’entretien de l’église Saint-Pierre, la moins fréquentée de la paroisse, s’élèvent à 42 465$.

L’église Saint-Pierre sur la rue Hemlock à Shawinigan.

La décision présentée lundi soir a été prise à la suite d’une rencontre ultime entre l’équipe pastorale paroissiale, la fabrique, le Diocèse de Trois-Rivières, Patrimoine St-Pierre, la Ville de Shawinigan et Culture Shawinigan. Le 7 février dernier, la Ville de Shawinigan ne s’est pas dite prête à investir 2M$ dans l’église, même si le bâtiment lui était offert au coût de 1$. Patrimoine Saint-Pierre a pour sa part déjà tenté une approche touristique qui n’attire que 120 personnes annuellement. Culture Shawinigan a de son côté évoqué une saturation des salles de spectacles à Shawinigan. Tous s’entendent pour dire que la nouvelle vocation de l’église Saint-Pierre doit répondre à un besoin. Mais lequel?

Rappelons qu’en 2010, les travaux de restauration de l’église étaient déjà estimés à 1,5M$. La paroisse avait alors lancé une campagne de financement dans le but d’amasser 500 000$. Moins de 60 000$ avaient alors été recueillis.

L’église serait considérée comme la plus ancienne de Shawinigan. La bâtisse abrite notamment les œuvres de l’artiste italien Guido Nincheri, ainsi qu’un orgue Casavant Frères Opus 1374.

Les paroissiens appellent à la mobilisation

Lundi soir, une centaine de personnes se sont déplacées, par curiosité ou par émotion, sur la butte Hemlock au centre-ville de Shawinigan. À court de solutions devant ce triste portrait financier, les représentants de la paroisse et de la fabrique Sainte-Marguerite-d’Youville étaient heureux de recueillir des suggestions.

Plusieurs citoyens, paroissiens ou non, se sont prononcés, à commencer par André-Jean Bordeleau, de Patrimoine Saint-Pierre, qui a demandé à la paroisse de reporter la fermeture et la vente d’une année. «Nous avons besoin de temps pour laisser poindre des lueurs d’espérance pour ce bijou sur la colline», a-t-il plaidé. «Je ne peux pas croire qu’avec un peu de temps, nous ne trouverons pas un moyen de préserver ce trésor», a-t-il lancé, rêvant encore d’une nouvelle vocation touristique, culturelle ou historique. Il suggère notamment de recueillir des contributions de 100$ en ciblant des paroissiens pour éponger les dépenses annuelles le temps de trouver une solution.

Un autre paroissien a proposé de fermer les quatre autres églises de la paroisse afin de conserver l’église Saint-Pierre. Pour que cette solution tienne la route, il faudrait d’abord que les autres églises de la paroisse soient vendues afin de transférer les fonds à l’église Saint-Pierre, qui s’avère être la plus coûteuse de la fabrique.

Le paroissien Claude Perron a quant à lui évoqué la possibilité que l’église devienne la «première maison des religions» en rapprochant différentes confessions religieuses sous un même toit. Il souhaiterait qu’Hydro-Québec défraie les coûts d’électricité. Un autre a proposé un projet d’hôtellerie.

Comme plusieurs autres, l’organiste bénévole Sylvain Houle a lancé un message d’espoir en témoignant de son attachement pour ce lieu. Il a lancé un appel à la mobilisation et à la solidarité qui pourrait notamment se traduire par des corvées de bénévoles. Il estime par ailleurs que certains travaux, comme l’installation d’un paratonnerre, ne sont pas urgents et indispensables.

À l’ère des technologies, un autre paroissien a proposé un système de dîme en versements mensuels…

Des propositions étudiées sous peu

L’équipe pastorale paroissiale se penchera sur les différentes propositions lors de la prochaine rencontre qui aura lieu le 21 mars prochain.

Alors qu’un agent immobilier avait déjà été approché pour la suite du processus, le président de la paroisse, René Gélinas, s’est dit heureux des solutions présentées. «Nous en étions venus à un consensus», explique-t-il. «Nous allons prendre note de toutes les idées proposées. (…) J’ai pris des numéros de téléphone ce soir.»

Est-ce que les paroissiens qui ont proposé des idées lundi soir seront prêts à les mettre en place?