Les actionnaires de Nemaska Lithium en ville

L’entreprise tenait son assemblée générale annuelle à Shawinigan    

ACTIONNAIRES. À environ 20 mois de la mise en opération de son usine commerciale, Nemaska Lithium avait convoqué ses investisseurs à Shawinigan pour la tenue de son assemblée générale annuelle.

Un peu plus de 70 actionnaires, détenant environ 42% du capital de l’entreprise, étaient réunis ce mardi 18 décembre à la Maison de la culture Francis-Brisson pour prendre connaissance des résultats financiers de l’entreprise mais également en savoir plus sur l’avancement des projets de la mine Whabouchi et de fabrication de l’hydroxyde de lithium dans l’ancienne usine Laurentide, du secteur Grand-Mère. Une visite du site était d’ailleurs prévue au terme de l’assemblée.

Si les dirigeants et administrateurs se réjouissaient d’avoir pu lever un financement de 1,1 milliard$ dans la dernière année, ils n’ont pas évité la question de la baisse en 2018 des titres boursiers rattachés à l’industrie du lithium. «Un marché épouvantable», a même décrit Guy Bourassa, président et chef de la direction de Nemaska Lithium, qui en imputait la faute à un rapport de la firme Morgan Stanley qu’il juge non fondé. «L’étude parle de l’arrivée supplémentaire de 500 000 tonnes de lithium supplémentaires dans le marché, c’est de l’utopie.»

La future usine de Nemaska Lithium à Shawinigan ambitionne d’accaparer 10% du marché mondial de l’hydroxyde de lithium.

Les dirigeants ont rappelé que 90% de la capacité de production des cinq premières années de la future usine de Shawinigan sont déjà engagés auprès de clients. Guy Bourassa a aussi souligné que les grands constructeurs automobiles redéfinissent les uns après les autres leur stratégie vis-à-vis la voiture électrique. Volkswagen par exemple entend consacrer 7 milliards$ dans la production de ce type de véhicules et en vendre annuellement quelque 3 millions d’ici 2025. Le constructeur allemand a d’ailleurs confié à LG Chem, l’un des clients de Nemaska Lithium, la commande de fourniture des batteries requises.

Un chantier pharaonique

Le président et chef de la direction se montre particulièrement confiant envers la future usine de Shawinigan qui nécessite à elle seule des investissements de près d’un demi-milliard$. D’une capacité de 33 000 tonnes de carbonate de lithium par année lorsqu’elle sera en opération, l’aménagement des espaces sera réalisé en fonction d’augmenter ce tonnage lorsque le marché le demandera. «C’est une usine qui va survivre à l’épuisement de la ressource à Whabouchi», prédit Guy Bourassa.

D’une durée de 27 mois, le chantier de Shawinigan est pharaonique a expliqué de son côté Yves Painchaud, directeur de projet. Nemaska Lithium a démoli certains bâtiments de l’ex-papetière mais en a conservé deux datant de 1967 et 1980. Au total, ce sont plus de 19 500 mètres cubes de béton qui ont été coulés, soit l’équivalent des fondations de 450 bungalows. Des travaux d’excavation ont également été menés afin d’améliorer la capacité portante des dalles de béton. Ces fosses temporaires ont ensuite été remplies avec les débris concassés de l’ancienne Laurentide. «L’équivalent de 32 000 camions dix roues», a imagé Yves Painchaud.

Dans son rapport annuel, Nemaska Lithium révèle également qu’elle travaille à trouver des applications pour les produits générés par son procédé de fabrication d’hydroxyde de lithium. Lorsqu’elle fonctionnera à pleine capacité, l’usine de Shawinigan produira par exemple 204 000 tonnes d’aluminosilicate. Selon certaines recherches, ce produit peut remplacer jusqu’à 25% du ciment employé dans le béton. En août dernier, le maire Michel Angers avait indiqué l’intérêt de la Ville à collaborer avec l’entreprise pour faire avancer les recherches sur le potentiel de l’aluminosilicate en l’utilisant dans le béton des trottoirs.