Les Autochtones de plus en plus nombreux dans les villes

AUTOCHTONES. Vous l’avez sans doute remarqué, il existe de plus en plus d’Autochtones à La Tuque et dans les centres urbains. La directrice générale du Centre d’amitié autochtone (CAA) de La Tuque, Christine Jean, confirme cette situation qui s’observe dans les services offerts.

Il faut savoir d’entrée de jeu qu’un CAA offre des services urbains à des personnes des premières nations. «La perception de la réalité est bonne puisqu’il existe effectivement plus d’Autochtones qui viennent rester en ville, approuve Christine Jean, directrice générale depuis 2006. Depuis 5 ans, c’est vraiment marquant cette augmentation et on le voit dans les services que nous offrons. Avant, le CAA était plutôt un lieu social pour les Autochtones, tandis que présentement, nos services sont plus personnalisés, par exemple pour un retour aux études. »

Depuis deux ans, le CAA de La Tuque détient un point de services à Trois-Rivières. En l’espace de six mois, le nombre d’employés est passé de un à quatre. «Ils ne chôment pas, soutient Mme Jean. On retrouve de plus en plus d’Atikamekws qui se dirigent vers Trois-Rivières, notamment pour un retour aux études. Comme les femmes ont eu un enfant en bas âge, c’est toute la famille qui déménage. Avant, on voyait les Atikamekws à La Tuque au début et au milieu du mois. Mais ce n’est plus du tout comme ça. Il n’est pas rare aussi de voir le père demeurer dans la communauté pour travailler, et la mère vient en ville pour l’éducation de l’enfant. Par contre, ce n’est pas la même chose pour les aînés qui sont encore enracinés dans la communauté.»

Mais pourquoi ce changement depuis 5 ans? «L’éducation, c’est un gros morceau, mais la question du logement aussi. Plusieurs familles vivent dans une maison conçue pour 5-6 personnes et ils sont une douzaine. Des membres de la famille déménagent en ville pour plus d’intimité», répond Christine Jean.

Un danger pour la culture et la langue atikamekw?

Avec la migration de plusieurs famille atikamekws dans des centres urbains, est-ce que la langue et la culture est en péril? «Il existe un enjeu, et les aînés ont des craintes à ce niveau. À La Tuque, il y a des jeunes qui ne parlent pas la langue atikamekw alors que les parents le parlent. Il existe des craintes pour la langue française, alors imaginez pour la langue atikamekw», affirme la directrice générale du CAA.

Les cours à l’école primaire de Wemotaci sont en Atikamekw jusqu’en 2e année. Puis ils sont donnés en français.

Toutefois, Mme Jean émet quelques bémols concernant la précarité de la culture et la langue. «La culture se retrouve à un autre niveau chez les jeunes. Je suis moi-même Autochtone et je l’ai dans moi. Par exemple, si un Beauceron déménage à Chapais, il restera un Beauceron dans l’âme. Au Canada, 70% des Autochtones ne vivent plus dans une communauté. De plus, parmi les différentes nations au Québec, la langue atikamekw est la plus parlée.»