Les joueurs de pétanque en colère

La décision du conseil de ville de Shawinigan de déplacer les installations de pétanques de la 10e avenue à Grand-Mère dans le complexe Frank-Gauthier (le parc multisports au coin de la 4e avenue et de la 14e rue situé tout près du parc Saint-Jean-Baptiste) suscite un mécontentement général de la part des membres du Club de Pétanque et Bocce Laflèche de Grand-Mère.

De l’aveu des autorités municipales, ce déplacement a pour but de regrouper toutes les installations sportives en un seul et même endroit. «Nous avons pris la décision de regrouper tous les sports dans ce secteur de Grand-Mère. Nous aménagerons la pétanque et le bocce sur un terrain de balle qui ne sert plus. Les gens auront accès au bâtiment de la piscine et aux toilettes. Ce n’est pas comme si nous les laissions devant rien», mentionne la conseillère du district du Rocher, Lucie DeBons.

Mais l’incompréhension règne toujours chez les joueurs. «Il n’y a pas de relève pour jouer à la pétanque, s’indigne le président fondateur du club, Antonio De Vito, ça ne vaut pas la peine d’être déménagé», précise-t-il. Il se demande également pourquoi le parc Manfredo-De Vito, dédié à la mémoire de son père, est qualifié de parc multisports s’il n’y a justement plus de sports qui s’y pratiquent. Dans les faits, ça fait plus de 35 ans qu’il se joue de la pétanque sur le terrain de la 10e avenue. Selon Mme DeBons, le problème ne provient pas de la pétanque en tant que telle. «Quand il n’y avait que de la pétanque sur ce terrain, c’était bien. Nous avons commencé à recevoir quelques plaintes lorsque le bocce est arrivé», précise-t-elle.

La faute au bocce…

Le bocce est un jeu de boules qui se joue sur des allées. Les quatre allées permettant le jeu ont été construites en 2006 et l’ajout de poussière de pierre a été fait en 2008. Les allées sont à moins d’une vingtaine de pieds de la ligne des premiers voisins immédiats. De 24 à 30 personnes occupent l’aire de jeu le mardi et le jeudi, de 18 h 30 à 21 h 30. Le jeu ne nécessite pas de parler à voix forte, mais une communication entre les joueurs d’un bout à l’autre des allées est requise. Des lumières ont également été installées pour permettre le jeu lorsque la noirceur tombe.

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Selon Jean-François Hinse, du bureau des communications de la Ville de Shawinigan, il est difficile de quantifier le nombre de plaintes déposées, mais au moins une plainte officielle d’un voisin a été faite. Une voisine se pose de sérieuses questions quant à l’emplacement des allées de bocce. «Dès le départ, quand la ville a installé ces allées, je n’ai pas compris l’emplacement choisi. Pourquoi ne les ont-ils pas placées à l’arrière du chalet? (le chalet se trouve sur la partie opposée du terrain, longeant la rue.) Je pense qu’à ce moment-là, la Ville ne savait pas ce qu’elle installait, souligne-t-elle. Nous n’avons plus d’intimité. Je n’ai rien contre les joueurs, mais le jeu n’est peut-être pas approprié à l’endroit», rajoute la dame.

Déjà en 2008, des procédures de transfert des allées de bocce avaient été enclenchées. Lors de cet exercice, la relocalisation à l’école Saint-Jean-Bosco a échoué et les membres du club ont stipulé qu’ils seraient intéressés à déplacer les allées derrière le chalet de la 10e avenue pour mettre fin aux affrontements avec les voisins. Aucune réponse de la Ville n’a été reçue à ce sujet. «Nous sommes dans le quartier depuis longtemps et nous voulons rester ici», s’exprime l’un des joueurs. «L’endroit est familial et convivial. Le terrain est correct», souligne un autre. «Toutes les installations sont déjà là et elles conviennent très bien. Pourquoi changer ?», demande M. De Vito. Une pétition stipulant que les joueurs ne nuisaient pas à la quiétude du quartier a également été signée par 92 résidents du secteur Grand-Mère.

Vente des terrains ?

À savoir combien coûterait le déplacement du terrain de pétanque et des allées de bocce derrière le chalet versus la relocalisation complète, la ville de Shawinigan peut difficilement avancer un montant puisque le projet en est encore aux préliminaires. Une rencontre entre la Ville et les membres du club est prévue prochainement. Aux dires de la conseillère Lucie Debons, dans l’une ou l’autre des options, les coûts seraient probablement semblables.

Et pour l’avenir du terrain de la 10e avenue, rien n’a encore été discuté au conseil de ville, mais celle-ci pourrait éventuellement vendre les terrains. «Il y a de la place pour au moins quatre résidences sur le site», dévoile Mme DeBons.