Levée de boucliers contre des coupes forestières

ENVIRONNEMENT.  Une coalition vient de voir le jour à Saint-Mathieu-du-Parc demandant au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) l’imposition d’un moratoire sur un projet de coupes de bois sur un territoire de 80 hectares et la création d’une aire protégée de 127 kilomètres carrés au sud du parc national de la Mauricie, soit du lac à la Croix au lac Minogami. 

Alors que Remabec s’apprête à transporter sa machinerie en janvier 2022 au sud du lac à la Croix, la Coalition pour la préservation du Parc récréoforestier de Saint-Mathieu-du-Parc convoquait la presse régionale lundi matin pour exposer ses demandes et la liste des 21 organismes, entreprises et particuliers qui appuient sa démarche. Au nombre des soutiens, on note ceux de Jean Chrétien, ex-premier ministre du Canada et instigateur du parc national de la Mauricie, et la municipalité de Saint-Mathieu-du-Parc qui a adopté une résolution le 7 décembre dernier.

« C’est un drapeau rouge qu’on lève ce matin, a lancé Éric Proulx qui a été présenté comme un citoyen engagé de Saint-Mathieu-du-Parc, ajoutant que la zone reluquée par Remabec est peuplée d’arbres de 70 à 80 ans. « À ce stade, on est à peine à une dizaine d’années de devenir une forêt ancienne. » Il s’agirait d’un statut qui représente à peine 3% des forêts mauriciennes.

Cofondateur du Parc récréoforestier de Saint-Mathieu-du-Parc en 1995 –  les coupes projetées sont aux portes du parc – Jean-Guy Morand a énuméré les nombreux aménagements de nature récréative, faunique et floristique réalisés sur le site au cours des vingt-cinq dernières années. « En 2012, le gouvernement du Québec désignait même le parc et la zone où des coupes forestières sont prévues comme un pôle récréoforestier à vocation prioritaire », a-t-il rappelé.  Attraction naturelle accueillant près de 40 000 visiteurs par année, le parc a connu un essor encore plus remarquable depuis le début de la pandémie.

Président du Sentier national de la Mauricie, dont une partie du tronçon de 100 km en Mauricie passe par le Parc récréoforestier de Saint-Mathieu-du-Parc, Jacques Goulet a qualifié de joyau toute cette zone forestière. « C’est un site gratuit accessible été comme hiver. Il y a encore beaucoup de  possibilité d’aménagements pour la pratique de sports ou de loisirs », a-t-il fait valoir dans l’hypothèse qu »une aire protégée devait être créée dans le secteur. M. Goulet a aussi rappelé que le parc est également prisé par les amateurs d’escalade qui y trouve l’une des plus hautes parois en Mauricie.

Un danger pour la tortue des bois

Président du Mouvement Vert Mauricie, Patrick Rasmussen a souligné que les tortues des bois, une espèce en voie de disparition et dont Saint-Mathieu-du-Parc abrite une pouponnière, transitent sur les terres octroyées à Remabec. « En accordant une protection à tout ce secteur, on viendrait créer une zone protégée sur plus de 800 kilomètres carrés si on y ajoute le parc national de la Mauricie et un autre site à Grandes-Piles. »

Doctorant en Environnement, Xavier Francoeur  a souligné pour sa part que si Québec venait à protéger ces 127 kilomètres carrés de forêt, ce sont plus de 14 000 tonnes de CO2 qu’on viendrait retirer de l’environnement. « Au prix actuel sur le marché du carbone, c’est l’équivalent de 900 000$ par année. Au contraire, si on autorise les coupes, ce sont 4500 tonnes qu’on vient ajouter en gaz à effet de serre en plus d’ouvrir la porte aux feux de forêt, aux inondations et à l’érosion. »

Dernier à prendre la parole, Anthony Cadieux a souligné que depuis maintenant six ans, plus de 5000 heures de bénévolat ont été consenties par des membres de Vélo de montagne Mauricie, ce qui a permis d’aménager  plus de 15 kilomètres de sentier. « C’est un paysage époustouflant qui est offert gratuitement. Une coupe de bois viendra affecter la vue qu’on a sur le site et en diminuer l’attrait », estime-t-il.

Cette sortie de la coalition était la première étape de leur croisade a mentionné Éric Proulx. « On a entrepris des démarches depuis deux semaines avec la direction régionale du ministère des Forêts. Nous avons aussi rencontré la députée Marie-Louise Tardif qui est adjointe parlementaire du ministre Dufour. Mme Tardif est très sensible à cette forêt-là qu’elle parcourt à titre personnel », a-t-il conclu.