Martin Forget: de l’excavatrice à la cabine d’avion

AVION. Martin Forget a longtemps creusé le sol pour le compte de l’entreprise familiale mais c’est véritablement dans le ciel qu’il a trouvé sa vocation il y a une vingtaine d’années.  

Rejoint à bord de son véhicule récréatif stationné aux abords du lac Clearwater, près de Le Pas, au Manitoba, le Shawiniganais prend une pause entre deux vols. Pilote de CL-215, ces légendaires avions citernes qui servent à éteindre les feux de forêt, il cumule plus de 10 000 heures de vol en carrière.

C’est d’ailleurs à la fin des années 1990 dans la cabine d’une excavatrice de son père Raynald Forget, sur un chantier à l’aéroport de Trois-Rivières, qu’il a eu la piqûre en regardant décoller et atterrir les avions.

Avant de s’expatrier dans l’Ouest canadien, Martin Forget a fait ses classes avec des vols touristiques pour Aviation Mauricie puis Air Roberval, au Lac Saint-Jean. «Je faisais de la prospection au nord de Chibougamau pour les compagnies minières mais lorsque le marché est tombé, je suis parti pour les Territoires du Nord-Ouest.»

Durant l’été austral au Pôle Sud, Martin Forget transporte à bord d’un DC-3 construit en 1944 des scientifiques internationaux d’une base à l’autre.

C’est à cette époque que le Shawiniganais s’initie au pilotage des CL-215. Parmi ses faits d’armes, mentionnons cette journée au cours de laquelle il a effectué 86 écopages et largages au-dessus d’un incendie en un peu plus de trois heures et demie, c’est-à-dire un à tous les 2m45.

Cap sur le Pôle Sud

Depuis trois ans, Martin Forget a ajouté une corde à son arc en pilotant un DC-3, un avion construit en 1944. L’homme de 42 ans part de Calgary pour mettre le cap sur l’Antarctique. Une balade de 60 heures qu’il mettra avec des escales de neuf à dix jours à compléter.

Au Pôle Sud, des mois de novembre à février durant l’été austral, alors qu’il fait jour 24 heures sur 24, il transporte des savants internationaux dans les différentes bases scientifiques sur la calotte glaciaire. «C’est plus difficile parce que je suis loin de ma famille, raconte le pilote qui séjourne là-bas trois mois consécutifs avant de revenir à la maison. «L’année dernière, je suis parti deux mois avant de revenir un mois et repartir pour deux autres mois.» Les conditions de vol sont particulièrement difficiles dans l’Antarctique lorsqu’il y a des nuages alors que les pilotes ont de la difficulté à distinguer le ciel du sol.

Piloter un engin de plus de 70 ans n’empêche pas de dormir le Shawiniganais. «C’est un avion qui a participé à la Seconde Guerre mondiale. Le moteur à piston a été changé pour un moteur à turbine, mais pour le reste, tout est resté pareil. C’était fait solide dans ce temps-là», lance en riant le papa de cinq enfants qui vont à l’école à la maison avec leur maman Marie-Ange.

Martin Forget n’a jamais songé à devenir pilote de ligne, préférant le <@Ri>thrill<@$p> associé au pilote de brousse. «Dans mes avions, tu as les mains sur la machine. Ce n’est pas comme les avions de ligne où le pilote est 99% du temps sur l’autopilote. Tu as plus de décisions à prendre. Tu dois décoller et atterrir à des endroits que tu ne connais pas et où il n’y pas de piste», termine celui qui a déjà atterri en pleine forêt suite à une panne de moteur.