Pour ne jamais oublier

«C’est sûr qu’on a toujours un pincement au cœur à la date anniversaire. Chaque fois, on reprend contact avec l’émotion qui nous habitait à l’époque.»

Jamais Nika Isabelle et André Fournier ne pourront oublier l’immense douleur vécue il y a dix ans, lorsque leur fille Frédérike et sept de ses amis de la garderie qu’elle fréquentait ont perdu la vie sur la route du Port, à Saint-Jean-Baptiste-de-Nicolet, dans un accident de voiture. Jamais, non plus, ils n’oublieront tout le support qu’ils ont reçu pour traverser cette terrible épreuve, y compris dans les premières heures suivant le drame.

«Les premiers secours, autant les ambulanciers que les policiers, ont fait un travail exemplaire. Même s’ils étaient en état de choc eux aussi, ils ont été très professionnels. À l’hôpital, on a également eu un excellent accueil malgré les circonstances. Dans la mesure de ce qu’il y avait à faire en pareille situation, tout a été fait et bien fait. De plus, les gens et les élus ont été très respectueux. La communauté a été d’un grand support.»

Comme pour tous les autres parents éplorés par la perte d’un enfant, Nika Isabelle et André Fournier ont eu un long cheminement à faire pour dire adieu à leur fille. «Maintenant, on croit qu’il peut y avoir pire encore. On se dit que pour les parents qui ne savent pas où est leur enfant, ce doit être épouvantable. On pense par exemple aux parents de Cédrika Provencher, Julie Surprenant ou Jolène Riendeau. Nous, on a été dans l’incertitude durant quelques heures, alors que Frédérike était sur la table d’opération. Cette attente, cette incertitude, c’est atroce. Ces parents-là sont placés dans cette situation 24 heures sur 24… Mais nous, au moins, on sait où est notre fille.»

Il reste que l’épreuve a été intense. «Il y a des bouts de l’histoire qui nous manquent. On nous raconte des choses qui se sont passées dans les premières journées suivant l’accident, et on ne s’en rappelle plus. C’est le blanc total. Je ne me souviens même plus d’avoir lu un texte aux funérailles», indique M. Fournier.

Aujourd’hui, Nika Isabelle et André Fournier veulent se souvenir. Non pas de l’accident, mais de leur fille. «Elle a vécu. Ne nous empêchons pas d’en parler! Même si elle n’a pas été longtemps avec nous, on a des souvenirs de qui elle était. Il ne faut pas l’oublier.»

Il ne faut pas non plus oublier les sept autres enfants qui ont péri en cette journée du 16 mars 2000 : Stecy, Kevin, Samuel, Laurence, Viviane, Karl et Léane.