Qu’adviendra-t-il du IGA de Saint-Tite?

Le propriétaire du marché IGA de Saint-Tite, Claude Baril, est amèrement déçu. Après une deuxième tentative infructueuse visant à obtenir le permis nécessaire pour démolir le duplex qu’il a acquis dans l’intention d’agrandir le stationnement de son commerce, il a finalement choisi de se résigner, non sans en avoir gros sur le cœur.

«Ce sont des gens qui ne sont pas en affaires qui jugent de mes besoins. Or, moi, ça fait 30 ans que je suis en affaires; je crois être bien placé pour pouvoir dire ce qui est important pour la croissance de mon commerce…», lance-t-il, exaspéré.

C’est que, pour pouvoir conserver la bannière IGA, le marché d’alimentation de M. Baril doit répondre à des exigences strictes de Sobey’s Québec. Parmi ces exigences, on retrouve un minimum de 120 places de stationnement pour un commerce de la grosseur du IGA de Saint-Tite. Or, ce dernier en compte 73. «Je ne me suis pas levé un matin en me disant qu’il me manquait des cases de stationnement, illustre-t-il. La norme, au niveau de la quantité d’espaces de stationnement, c’est un professionnel qui l’a écrite. Je dois m’y plier.»

En toute transparence, M. Baril fait savoir que la plupart du temps, le stationnement de son commerce suffit à la demande. «Il y a des périodes, comme à Noël ou à Pâques, où ça pose problème. À la Ville, on me dit que les gens peuvent se stationner dans la rue, mais c’est loin d’être la solution idéale. D’abord, parce que traverser la rue avec des sacs d’épicerie plein les bras peut s’avérer dangereux. Ensuite, parce que ça peut nuire aux affaires: si le stationnement n’est pas disponible, les gens vont aller acheter ailleurs, tout simplement.»

Le propriétaire estime qu’en démolissant l’immeuble situé au 580 du Moulin, il pourrait ajouter 24 cases de stationnement et ainsi se rapprocher du nombre demandé par Sobey’s.

La population a tranché

La Chambre de commerce de Mékinac, Sobey’s et le Festival Western appuient la démarche de M. Baril. De son côté, le conseil municipal a décidé de s’en remettre à la population pour trancher.

«Les élus ont envoyé à chaque habitant une lettre expliquant qu’ils avaient besoin de leur avis sur le dossier. Je ne mets pas en doute la bonne foi des citoyens de Saint-Tite, loin de là. Sauf qu’habituellement, lors d’une assemblée publique, ce sont généralement ceux qui sont contre un projet qui se présentent sur les lieux. Ils prétextaient que le but de ma démarche n’était que d’avoir un espace supplémentaire à louer durant le Festival Western.»

Le stationnement pourrait effectivement être loué. «Et alors?, questionne Claude Baril. J’ai investi 150 000$ pour un terrain de 47 pieds par 135 dans l’espoir de répondre aux normes de Sobey’s. C’est un montant appréciable. Tant mieux si, durant une semaine dans l’année, je peux faire d’une pierre deux coups et rentabiliser cet investissement… d’autant plus que la rue du Moulin, où est situé mon commerce, est fermée aux véhicules durant six jours lors du Festival.»

D’ailleurs, l’homme d’affaires déplore le fait qu’à Saint-Tite, les gens de la place sont mal vus lorsqu’ils tentent de tirer profits du festival. «L’an dernier, pendant le Festival, la Ville a émis 742 permis à 300$ chacun à des gens de l’extérieur pour leur permettre de faire des affaires à Saint-Tite. Ces derniers arrivent généralement avec leurs employés, leur lunch et leur matériel. D’un autre côté, si quelqu’un de Saint-Tite profite du Festival pour faire des affaires, soudainement, ce n’est pas correct!»

Bref, Claude Baril estime que l’incompréhension des gens concernant son projet pourrait avoir de lourdes conséquences sur son commerce. Quant à savoir ce qu’il adviendra de ce dernier, il reste pour l’instant muet sur le sujet…