Quand des automates apportent du réconfort

SANTÉ.   Les vertus thérapeutiques de la zoothérapie sont connues depuis longtemps, mais depuis décembre dernier dans les CHSLD Laflèche et Saint-Maurice à Shawinigan, la preuve est faite que des animaux robotisés peuvent avoir un effet similaire auprès des résidents aux prises avec des problèmes cognitifs. 

« Pour eux, c’est une présence réelle. Un vrai chat, un vrai chien. C’est un animal interactif qui miaule et qui bouge quand tu le touches. Ils interagissent vraiment avec leur animal », s’exprime Karine Turcotte, gestionnaire responsable du CHSLD Saint-Maurice.

Sur le territoire du CIUSSS Mauricie – Centre-du-Québec, c’est un CHSLD de Drummondville qui a tenté l’expérience une première fois en 2021 avec des résultats qui se sont rapidement ébruités dans le réseau régional de la santé.

C’est ainsi que les CHSLD Laflèche et Saint-Maurice ont adressé l’an dernier une demande à la Fondation de la SSS de l’Énergie pour l’achat de vingt-et-un chats et chiens robotisés. « On a vu rapidement les bienfaits auprès des résidents. Pour eux, c’est une présence rassurante qui prévient la solitude ou réduit l’anxiété. On a même constaté dans certaines situations que ça pouvait diminuer le recours à la médication », souligne avec enthousiasme Karine Turcotte.

Les animaux robotisés sont vraiment confiés aux bénéficiaires et non pas échangés entre eux.  « Ça enverrait un drôle de message sinon, car ils l’adoptent vraiment. Il y en a qui se promène avec leur animal, leur parle, leur donne un nom. Il y a même une dame au 2e étage qui a un petit lit dans sa chambre pour le coucher », poursuit la responsable du CHSLD Saint-Maurice.  

Avec près de 310 résidents dans les deux centres d’hébergement de Shawinigan, le nombre d’animaux robotisés est évidemment restreint. « Notre personnel connait leurs gens. On cible ceux qu’on croit qu’ils seraient intéressés et on fait des tests. S’ils laissent le chat sur la table, sans s’en occuper, on essaie avec un autre. Mais il y a beaucoup de gens ici qui n’ont pas de famille. Alors, un chat ou un chien à s’occuper, ça leur fait une petite routine. » Au décès du bénéficiaire, l’animal est nettoyé et mis en quarantaine avant d’être remis à un autre.  

Douze nouveaux minous

En fait, cette initiative s’avère un tel succès que les deux CHSLD ont réussi à obtenir un financement pour  en acheter douze nouveaux qui seront distribués dans les prochaines semaines. « On reçoit tellement de bons commentaires des familles. Certaines habitent à Montréal ou Ottawa et ne peuvent venir souvent. Une femme nous a dit que sa mère pleurait toujours au moment du départ, mais que ce n’était plus le cas depuis qu’elle devait s’occuper de son chat. »

Il semble que les chats soient plus populaires que les chiens dans la faveur des bénéficiaires. « Et les chats roux et blanc, c’est vraiment les préférés, plus que les gris et blanc ou noir et blanc. Nos douze nouveaux sont d’ailleurs dans ces couleurs », mentionne Karine Turcotte.

Directrice générale de Fondation de la SSS de l’Énergie qui financer l’achat de la première cohorte (près de 200$ l’unité), Amélie Vallée en est encore bouche bée. « On y a été deux fois faire un vidéo et on en revient pas encore de l’impact positif du projet. On a investit 4000$ pour l’achat. Ce n’est pas substantiel en terme financier pour la fondation, mais en dix ans que je suis là, j’ai rarement vu quelque chose faire une différence comme celle-là », souligne fièrement Amélie Vallée.

« Quand on regarde ça, on peut dire que c’est beau et triste à la fois que de développer un sentiment d’affection avec un chat robotisé, mais au final, il faut se rappeler des bienfaits que ça leur apporte. Et c’est un sentiment bien réel celui-là », termine Karine Turcotte.