Reconnecter les enfants à la nature

ÉDUCATION. Sylvie Gervais est une passionnée de l’enseignement, mais aussi une amatrice de plein air assumée. La Shawiniganaise a allié ses deux intérêts pour fonder la Coop ENFANT NATURE, une entité qui a pour mission de développer l’enfant dans sa globalité, et ce, entièrement en nature.

Les activités de la coopérative débuteront dès cet été avec la tenue d’un camp du côté du Parc national de la Mauricie dans le secteur Saint-Gérard-des-Laurentides. Un emplacement du côté du Parc de l’Île Melville a aussi été ciblé pour les activités de l’organisation qui bénéficie d’une subvention de 30 000$ du Pacte Rural.

Sylvie Gervais devient ainsi la responsable provinciale de l’implantation du principe de l’École Nature (Forest School) au Québec et elle a choisi Shawinigan pour débuter son aventure de mobilisation.

ENFANT NATURE cible la petite enfance (4 à 6 ans) pour sensibiliser et mobiliser les acteurs autour de l’importance de la nature dans la vie des tout-petits. «Il y a urgence d’agir et de reconnecter les jeunes à la nature. Pour que les jeunes protègent la nature, il faut qu’ils l’aiment, mais pour l’aimer… il faut d’abord qu’ils la connaisse!»

Issue du domaine de l’enseignement, Sylvie Gervais a effectué un retour aux études il y a quelques années par soif de faire une différence dans la vie des jeunes. Elle a été surprise de constater le lien intangible entre l’éducation et la santé chez les élèves.

Elle parle du terme «biophilie» qui désigne le fait qu’ont les enfants d’être trop branchés comme point de départ à sa réflexion, puis à sa maîtrise. «Ils sont connectés sans arrêt à une machine quelconque. Les études démontrent que les enfants devraient avoir trois heures d’activités extérieures par jour, or on observe plutôt trois heures par semaine», déplore la dame. «Cela est sans compter les problèmes de poids, les problèmes cardiaques ou de déficit de l’attention que cela engendre»

Enrayer le «déficit de la nature»

Sylvie Gervais s’est alors dit qu’il faudrait renverser la vapeur. «Cette tendance est nommée «déficit de la nature» dans le jargon. Je veux reconnecter les jeunes à la nature, car c’est prouvé qu’elle a de grands bienfaits», résume-t-elle.

La restauration de l’attention, la diminution du stress et de l’anxiété, l’augmentation des habiletés sociales et le frein à la surstimulation en sont quelques exemples, précise l’enseignante.

Ayant expérimenté la formule au sein de son CPE, la directrice générale du Pipandor Josette Allard-Gignac voit là une opportunité à saisir. «C’est un beau projet, j’y crois! C’est un véritable plaisir d’être à l’extérieur!». De septembre à tout récemment, quatre groupes de son centre ont vécu la formule de l’école Forêt Nature.

Mme Allard-Gignac souligne que ce ne sont pas tous les jeunes qui ont la chance de «juste aller marcher en nature». Elle a ainsi remarqué l’impact positif sur sa clientèle, mais aussi les bienfaits pour les enfants, dit «plus turbulents».

«Certains enfants ont juste besoin de bouger davantage. Alors, d’être à l’extérieur, ça permet de les tempérer, je dirais. Ils peuvent lâcher leur trop-plein d’énergie!» Des endroits du territoire comme le Parc de l’Île Melville ont été fréquenté par les jeunes.

Également, la directrice générale a observé une diminution de l’anxiété chez certaines jeunes. «Ils bougent, mais ils apprennent aussi à développer une conscience de la nature. C’est novateur comme approche, je suis bien fière d’y être associée», poursuit celle qui attend avec impatience les résultats de recherches qui découleront de la démarche de Mme Gervais.

Plus de détails sur la coopérative et ses activités suivront à la mi-juin lors d’une conférence de presse. Déjà, le CPE le Pipandor, le Parc de l’Île Melville et la ville de Shawinigan figurent parmi les partenaires du projet.

Le principe de l’École Forêt Nature (Forest School)

Il s’agit d’un vaste mouvement mondial, particulièrement populaire en Europe. C’est une façon d’enseigner aux enfants, tant sur le plan intellectuel, psychologique, émotionnel ou physique à l’extérieur en pleine nature. On souhaite ultimement augmenter le potentiel de santé et de mieux-être des jeunes participants en suscitant chez eu une passion pour la nature.