Saint-Adelphe à la rescousse des brasseurs

Depuis plusieurs mois, une pénurie de houblon touche les brasseurs de bière du Québec. Les prix grimpent et l’or vert se fait plus rare. Sébastien Gagnon et Dominic Roberge tentent de freiner cette pénurie en implantant une houblonnière à Saint-Adelphe.

L’été 2008 fut le premier de la houblonnière. Le houblon Made in Quebec a poussé sur une superficie de près d’un quart d’hectare. La température pluvieuse de cet été a cependant compliqué un peu la tâche des producteurs. «La première année, un plant de houblon a besoin de beaucoup d’eau pour favoriser l’émergence des racines. En début de saison, la pluie de cet été nous a aidés, mais disons que pour le reste, trop c’est comme pas assez. Ce n’est pas très bon d’avoir trop d’eau, ça prend beaucoup de soleil, et c’est ce qui a manqué un peu cet été», explique Sébastien Gagnon, l’un des instigateurs du projet, également propriétaire du Vice et Versa à Montréal.

La pénurie de cet ingrédient est due principalement à une récolte décevante du houblon en 2007 et parce que les principaux producteurs, situés aux États-Unis, se tournent maintenant vers la production de biocarburants. Le résultat d’une diminution de production et d’une demande croissante: une pénurie mondiale.

Les deux Adelphiens pourraient pallier à la carence avec le projet de houblonnière. «La difficulté d’approvisionnement est toujours très présente au Québec. Le prix demeure élevé cette année. Certains producteurs ont augmenté leur superficie de culture depuis deux ans, mais la rareté pour certaines variétés demeure. Le prix va probablement baisser quelque peu d’ici un an ou deux, mais il va tout de même rester élevé si l’on compare a il y a trois ou quatre ans», renchérit-il.

Sébastien Gagnon et Dominic Roberge ont accès à 30 hectares maximum pour leur projet. L’année prochaine, le houblon de Saint-Adelphe devrait se retrouver sur près d’un hectare, et d’ici deux ans tout au plus, la production devrait passer à trois hectares. «Tout sera en fonction des résultats obtenus. De trois à cinq hectares de houblon au Québec, ça fait beaucoup de houblon disponible pour les petites microbrasseries sur le marché local. Le houblon, c’est un peu comme le sucre dans le café. Par exemple, pour 1000 litres de bière, si tu mets 10-12 livres de houblon, ça va être trop amer», explique M. Gagnon.

La Belgique pour le houblon

Sébastien Gagnon se trouve actuellement en Belgique. Il veut approfondir ses connaissances en houblon, puisqu’au Québec, les producteurs sont quasi inexistants.

«Nous avons visité le Musée national du houblon ainsi que deux fermes dans le nord de la Belgique, à Poperinge, en région flamande, près de la frontière française. Effectivement, je pense que les techniques de culture de même que la machinerie pourraient s’appliquer au Québec, mais pour l’instant, ce ne sont que des suppositions», conclut-il. Sébastien Gagnon sera de retour au début décembre de son périple.