Shawinigan aura ses atocas

Un consultant dans le domaine de l’agroalimentaire investira 1,5 million$ pour implanter une cannebergière dans le rang Lamothe à Shawinigan.

Lorsque la ferme La Perle Rouge débutera ses opérations, il s’agira d’une première en Mauricie puisque la majeure partie de la production de cette petite baie rouge vif – appelé aussi atoca par les amérindiens – est localisée au Centre-du-Québec, plus précisément à Saint-Louis-de-Blandford.

«Ça m’a pris deux ans pour identifier un site», raconte Jean-François Lasnier, un Trifluvien d’origine qui exerce sa profession dans la région de Québec. L’eau acidulée des tourbières du Lac-à-la-Tortue qui circule dans ce secteur et la présence de sable en grande quantité, deux éléments essentiels à la production de canneberges, ont évidemment convaincu l’homme d’affaires d’acquérir à la fin de l’année 2008 une terre de 259 acres située dans l’ancienne municipalité de Shawinigan-Sud.

Des travaux d’aménagement du terrain ont été entrepris l’automne dernier et se poursuivront dès la fonte des neiges dans quelques semaines. Dans une 1e phase, Jean-François Lasnier limitera sa production sur 20 acres. La Perle Rouge innovera avec un système en circuit fermé comportant un bassin d’eau qui captera les eaux de pluie. Un fait intéressant étant donné que les cannebergières requièrent des quantités phénoménales d’eau, ce qui inquiète certains écologistes quant à l’impact environnemental d’une telle pratique. L’eau sert à arroser les plants pendant les périodes sèches de l’été, à les protéger contre le gel à l’automne, l’hiver et le printemps et bien sûr lors de la récolte au mois de septembre et octobre.

À terme, le promoteur envisage de cultiver des canneberges sur une superficie de 110 acres. En comparaison, Canneberges Atoka à Notre-Dame-de-Lourdes et Saint-Louis-de-Blandford possède 800 acres en culture. En tenant compte que chaque acre peut produire 20 000 lbs de fruits, la cannebergière shawiniganaise serait en mesure de produire plus de 1000 tonnes sur une base annelle. «Ça sera une ferme de taille moyenne si on la compare à celles du Centre-du-Québec», souligne-t-il.

Étant donné que l’hiver est plus rude à Shawinigan, le consultant a préféré jouer de prudence en optant pour une variété plus hâtive que celles cultivées sur la rive-sud du fleuve Saint-Laurent. Les premières boutures de La Perle Rouge, environ 40 tonnes seront nécessaires pour la 1e phase, seront transplantées au mois de mai prochain mais il faudra compter trois ans avant que les premières baies ne fassent leur apparition.

Mentionnons que M. Lasnier a mis en branle son chantier en dépit que la valeur de la canneberge sur le marché soit à la baisse depuis un an. «C’est un marché cyclique», convient l’homme d’affaires qui en avait été avisé dès le départ. Alors qu’il y a deux ans, le prix variait de 60¢ à 65¢ la livre, il a chuté entre 35¢ à 50¢ la livre en 2009. Selon les spécialistes du secteur, on estime que la commercialisation de la canneberge demeure rentable tant que les prix oscillent entre 40¢ à 45¢ la livre.

À propos de la canneberge

? La grande majorité des canneberges seront transformées en jus, soit environ 80% de la production. Cependant la gamme de produits transformés disponibles s’élargit de jour en jour. En voici un aperçu: biscuits, céréales, confitures, coulis, jello, vodka, sirop d’érable à la canneberge, barres granola, marinades, boissons gazeuses, etc.

? Le plant de canneberge peut vivre plus de cent ans.

? La production commerciale de canneberge se fait presque entièrement aux États-Unis et au Canada. En 2000, les États-Unis ont produit 85% de la production mondiale et le Canada, 12%.

? Le Québec compte 63 producteurs de canneberges, dont 54 sont basés au Centre-du-Québec. Les autres producteurs sont basés dans les régions de Lanaudière (2), Côte-Nord (2), Chaudière-Appalaches (2), Saguenay Lac Saint-Jean (2) et Outaouais (1).