«S’ils ne nous font pas confiance, qu’ils nous le disent!»

MOBILISATION. C’est un Michel Angers fier du soutien de la population qu’il dirige que l’Hebdo a rencontré au lendemain de la marche de solidarité pour Shawinigan. Le maire de la ville estime que le gouvernement doit emboîter le pas et accorder le fonds d’urgence de 20M$ puisque «la confiance» d’une communauté est en jeu.

Un maire fier de ses citoyens

«J’ai dû entendre ça 200 fois samedi: lâche-pas, continue et on est avec toi!», d’indiquer d’entrée de jeu le maire Michel Angers sur sa présence à la vaste mobilisation du 27 septembre dernier. Selon, lui, cette marche de solidarité était un exutoire. «Il a fait beau et tout le monde était de bonne humeur!»

Être capable d’être traitée comme une ville responsable. Voilà le souhait premier du maire. Il soutient sa demande d’obtenir un fonds d’urgence pour aider à soutenir la vitalité économique de Shawinigan.

«Je ne suis pas le seul à le dire: c’est légitime, le gouvernement va nous écouter», me lançait les citoyens. «Je suis extrêmement fier d’eux et je peux dire que lors de mon discours sur la scène en fin de marche est un moment gravé dans ma mémoire!»

À savoir si la requête sera finalement entendue en haut lieu, M. Angers maintient son optimisme. «Juste avant la marche, vendredi, j’ai parlé aux députés et au ministre de la région. On m’a dit que le montant demandé était réservé pour nous, mais qu’il restait des modalités d’application à régler.»

«Ils m’ont même dit que ça pourrait aller à 30M$. Non, moi je veux un 20M$ et un fonds autonome administré par les gens de chez nous!», soutient Michel Angers sur ce critère non négociable.

Il rappelle qu’une liste de projets potentiellement bénéficiaires de ce fonds d’urgence est déjà établie par les intervenants du milieu. «On en a plein! Si y’en a qui pense que je vais laisser retomber la poussière et ne rien dire, ils se trompent. Ils me connaissent, ils me connaissent et savent que si on décide d’aller jusqu’au bout, on va y aller!», martèle M. Angers.

Une question de confiance

«Si c’est juste du dogmatisme, que le gouvernement craint que si les villes sont autonomes, cela donnerait des idées aux autres… Pourquoi on ne nous fait pas confiance?»

«S’ils ne nous font pas confiance (les fonctionnaires), qu’ils nous le disent. Je veux qu’ils le disent publiquement et qu’ils nous disent qu’on n’a pas les compétences, les bonnes décisions.», renchérit-il. «Sinon, qu’ils me donnent ce que je demande.»

Le maire Angers se dit aussi conscient du travail des députés (Pierre Giguère et Julie Boulet) et du ministre régional (Jean-Denis Girard) pour travailler à l’obtention et au décret d’application du fonds en question. «Il est presque sur le bout de nos doigts!», image Michel Angers.

«Vous savez quoi, mon premier ministre au Congrès de l’Union des municipalités à Gatineau, nous a indiqué qu’il voulait adopter une charte des municipalités, que le gouvernement voulait que le conseil local soit un gouvernement reconnu et qu’il voulait décentraliser les pouvoirs», explique le maire Angers. Comme quoi la demande du maire de Shawinigan cadre tout à fait avec le vœu du premier ministre du Québec.

Disant cela, le premier magistrat comprend bien mal comment Philippe Couillard pourrait s’il tient publiquement ce discours, faire autrement que répondre à la demande de Shawinigan par la positive.

«Il ‘y a aucune espèce de raison qu’il n’accepte pas la proposition qu’on lui fait. On veut bien que les gens d’Investissement Québéc et d’Emploi Québec soit autour de la Table avec nous et le groupe de diversification économique, mais on veut prendre nos orientations: ça j’y tiens mordicus.»

«Puis, si dans trois ans, il n’y a pas de résultats, bien vous le direz. En attendant, laissez-nous manœuvrer. Si jamais le gouvernement n’écoute pas la voix du peuple, la vois de 2000 personnes dans la rue, alors je me questionnerai beaucoup…», conclut le maire.

Michel Angers confirme également que cette bataille pour redresser l’économie locale ne fait que débuter puisque d’autres initiatives sont à prévoir.