Tums et Donna, deux élèves pas comme les autres

ÉDUCATION.  Deux nouveaux venus font tourner les têtes dans les corridors des écoles des Chutes et du Rocher depuis quelques mois. Mais contrairement à leurs camarades de classe, Donna et Tums n’aspirent pas tant à obtenir un diplôme d’études secondaires qu’un certificat de l’Académie Mira…

Depuis septembre 2021, Isabelle Guy, enseignante d’anglais à l’école des Chutes, et Mélanie Choquette, technicienne en loisirs à du Rocher, prennent la route du travail, accompagnées de son labrador d’Espagne pour la première et de son labernois pour la seconde.  « On se connaît, mais c’est un hasard qu’on ait eu la même idée en même temps de devenir une famille d’accueil », explique Isabelle Guy, avec à ses pieds l’énergique Tums.

Lorsque L’Hebdo l’a rencontre, elle venait d’apprendre qu’après évaluation, l’Académie Mira avait accepté que Tums participe à partir de janvier prochain une formation qui lui permettra de côtoyer des élèves en difficulté ou vivant avec un TSA (trouble du spectre de l’autisme).

« Quand j’ai appris ça, j’ai braillé ma vie pas parce que j’allais devoir le laisser aller, mais parce qu’il va être tellement à sa place avec ces jeunes-là », poursuit Isabelle Guy qui a accueilli Tums alors qu’il n’avait que huit semaines.

Le confident des solitaires

Même si elle connaissait le concept de la zoothérapie, l’enseignante n’avait jamais mesuré tout le bien que pouvait apporter un chien dans une école. « Tout le monde salue Tums le matin en arrivant. Pour certains, c’est leur premier bonjour de la journée. Et c’est encore plus vrai avec les élèves qui ont un trouble du comportement ou qui sont anxieux. Ils n’ont souvent pas beaucoup d’amis et durant la pause, ils viennent dans la classe pour voir Tums. Finalement, les  »toutes tout seul » se retrouvent à ne plus être seul. »

En classe lorsque le cours débute, Tums s’étend de tout son long près du bureau de sa maîtresse. Pour les cinq dernières minutes, le labrador a l’autorisation de se promener entre les pupitres au grand plaisir des élèves. « La pandémie a laissé des traces, confie Isabelle Guy. On le voit que les jeunes sont en carences de quelque chose et le chien devient un prétexte pour parler avec les autres. Ici aux Chutes, il y a une classe pour les TSA et lorsqu’un élève est en crise, l’enseignant vient chercher Tums parce qu’il a un effet apaisant instantané. »

À du Rocher, Donna est tout aussi populaire que son ami. « Ça fait une méchante différence dans l’école, s’exclame Mélanie Choquette. Les jeunes sont toujours souriants. Ils viennent me demander la permission de la promener. » Même les élèves qui ne participent pas aux activités de la technicienne en loisirs viennent lui demander la permission de flatter son labernois. « Sans Donna, je n’aurais pas eu ce contact avec ces jeunes-là. »

Un match de la LNI avec Donna

Responsable de la natation, la technicienne en loisirs confie Donna à deux professeurs d’arts plastiques durant ces périodes. « Elle me suit partout : au bureau, dans les réunions et même dans nos sorties culturelles. Nous sommes allés voir une partie d’improvisation à Montréal avec les élèves récemment et elle nous a accompagnés. »

Comme Tums, Donna devait être évaluée cet automne pour voir si elle pourrait entrer à l’Académie Mira en janvier, mais son évaluation a été reportée en raison de l’apparition d’une allergie qu’elle devait préalablement soigner.

Alors que les masques étaient de rigueur à l’école l’an dernier, les élèves s’y résignaient non sans en avoir posé un sur le museau de Tums. Ou bien pendant les cours en ligne, la tête de Donna pouvait surgir inopinément dans l’écran de temps à autre. « Ça met de la gaieté dans l’école et c’est arrivé à point dans le contexte des deux dernières années », rappelle Mélanie Choquette.

Autant l’une que l’autre se réjouissent de l’ouverture d’esprit du Centre de services scolaire de l’Énergie et de leurs collègues dans cette aventure, autant satisfaisante qu’exigeante. « Il y a des centres qui l’interdisent, explique l’enseignante en anglais. De notre côté, on a envoyé une lettre aux parents et il n’y a pas eu d’opposition. » Il faut dire qu’un enseignant aujourd’hui à la retraite, René Veilleux, avait ouvert la voie il y a quelques années à Val-Mauricie en venant au travail avec son chien, un prospect de l’Académie Mira lui aussi.

Pour les deux femmes, pour avoir vu les bienfaits que Tums et Donna ont apportés auprès des élèves depuis un peu plus d’un an, une certitude s’impose: toutes les écoles devraient avoir un chien. « C’est un programme que j’étendrais partout », termine d’un ton convaincu Mélanie Choquette.