Une nouvelle vie pour trois arbres imposants

ENVIRONNEMENT. En passant sur l’avenue de la Station, là où une cinquantaine d’arbres ont été coupés la semaine dernière afin que la firme immobilière Olymbec puisse ajouter un stationnement, Samuele Champagne a aperçu un érable de grosse dimension qui allait être tout bonnement jeté ou finir en bois de chauffage.

C’est Samuel Champagne, en affaires dans le domaine d’ébénesterie depuis sept ans qui a fait appel à Maxime Rochefort de la compagnie Treeshop pour qu’ils collaborent ensemble. Le duo a pris deux jours pour couper l’érable en tranches, un arbre centenaire. Samuel Champagne a investi 4000$ pour la récupération des arbres. Il détient 60% du bois et la différence appartient à Maxime Rochefort.

«Quand je suis passé devant et que j’ai vu l’arbre à terre, je me suis dit qu’avec toutes les critiques négatives sur la coupe d’arbres, je pourrais peut-être lui redonner une deuxième vie au lieu qu’il finisse en bois de chauffage et mettre un peu de positif par rapport à cette histoire, commente Maxime Rochefort de Treeshop, qui réalise de la conception de meuble sur mesure. J’avais vu que les employés qui coupaient les arbres les mettaient dans un conteneur pour les jeter. Il y avait deux mégas pins dans le conteneur, ils me les ont sortis et ils sont présentement à ma shop. Ce sont des pins de 40 pouces de diamètre. J’ai calculé 95 lignes sur le tronc d’arbre. Je me suis arrangé avec les employés parce que la pelle mécanique n’était pas capable de le lever. Ils m’ont descendu l’arbre, et on l’a sectionné avec une scie mécanique avec une lame de 60 pouces sur place. Avec tout ce beau bois, je vais être en mesure de réaliser des grosses tables de conférence par exemple.»

L’entrepreneur a même cogné à la porte de l’Hôtel de Ville de Shawinigan pour savoir si la Ville n’était pas prête à acquérir une table. «J’ai rencontré le directeur général Yves Vincent pour lui offrir de garder une partie de l’histoire de Shawinigan. Il n’y avait pas de plus gros arbres au centre-ville que cet érable, même pas au parc St-Maurice.»

L’entrepreneur Félix-Antoine Huard questionne le conseil

Le cofondateur de Rum&Code, Félix-Antoine Huard, dont les bureaux se trouvent devant l’endroit où les arbres ont été coupés, s’est présenté à la séance publique du conseil municipal mardi soir.

«Mon objectif aujourd’hui est d’entreprendre une démarche afin de mieux comprendre comment on a pu céder cet espace vert pour le transformer en stationnement. Selon moi, le pire endroit où on pouvait faire un stationnement était dans un boisé. (…) La situation est telle qu’elle est, les choses ont été faites selon les règlements, je n’ai aucun doute là-dessus, mon objectif est de susciter un questionnement afin que ce genre de chose ne se reproduise pas et qu’on pourra trouver des solutions alternatives plutôt que de créer un nouveau stationnement dans une zone boisée. Peut-être accroître la mobilité durable avec un transport actif au centre-ville. Je pense qu’on y gagnerait tous comme citoyen.»

Le maire Michel Angers a indiqué que c’était déjà entendu avec Olymbec avant que la firme procède aux travaux majeurs d’il y a deux ans, qu’elle pourrait avoir un espace supplémentaire de stationnement.  «Quand le stationnement sera aménagé, il y aura des incitations pour faire des zones de verdures», indique le maire Angers. «Si vous avez souhaité susciter une réflexion au sein du conseil, c’est gagné», a rétorqué M. Angers à M. Huard.