Vers un tournant historique pour les personnes invalides?

INVALIDITÉ. Que faire avec un maigre 230$ par semaine pour vivre? Voilà la réalité de Sylvie Rompré vivant avec des contraintes sévères qui lui empêche d’occuper un emploi. Tout cela pourrait toutefois changer avec la réception d’une pétition pour la création d’une pension d’invalidité.

Une pétition cumulant plus de 8000 signatures (papier et électronique) a été déposée mardi après-midi à l’Assemblée nationale par le député Harold Lebel. Cette requête demande la création d’une pension d’invalidité au profit des personnes jugées invalides qui ferait s’élever la pension des prestataires d’environ 10975$ à 15975$ par année. Un élément qui permettrait aussi de pallier aux failles qui limitent monétairement cette catégorie de citoyens.

Quand on demande à la Shawiniganaise Sylvie Rompré, signataire de la pétition, ce que l’adoption de cette pension par le gouvernement changerait dans son quotidien, la réponse se fait vite entendre. «Au lieu de survivre, je vivrais! Tout augmente, récemment Hydro-Québec a augmenté ma facture de 30$, par exemple», laisse tomber la dame qui souffre de fibromyalgie sévère et de sclérose en plaques.

Si elle convient que sa situation n’est pas une catastrophe, la pension potentielle lui permettrait de mieux joindre les deux bouts. «Ce n’est pas tout le monde qui vit mieux que moi, mais on parle d’un revenu en deçà du seuil de la pauvreté…Je suis contente, car je vais pouvoir manger un repas par jour cette semaine. Par contre, des toasts au beurre de peannut et au cheeze whiz, je connais ça!»

Mme Rompré n’ose pas imaginer ce à quoi ressemblerait son quotidien si son logement et certains accessoires ne lui étaient pas subventionnés ou déduits en partie. Cela, sans parler de la répercussion que lui causerait une relation amoureuse potentielle. «Ça ne donne pas envie de t’impliquer et de rencontrer. Tu sais que, si tu t’attaches, on va te couper tout un peu après…», poursuit la dame.

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Un système innaproprié

Carole St-Laurent, instigatrice du Collectif pour une pension d’invalidité se fait sans pitié: «Dans la vie, il y a ceux qui se plaignent et qui ne font rien pour que la situation change et ceux qui font en sorte que les choses bougent!». Mme St-Laurent, elle-même handicapée, fait assurément partie de la deuxième catégorie.

Il faut savoir que les règles présentement en place ne permettent pas aux personnes invalides de vivre en couple sans se faire couper les vivres. En effet, si le conjoint de la personne invalide assure un revenu de plus de 1200$ par mois, il est censé assumer les besoins de son compagnon. «C’est une situation injuste et inéquitable», dénonce Mme St-Laurent.

De même, les prestataires de l’aide sociale invalide vivent avec presque 5000$ annuellement sous le seuil de pauvreté toute leur vie; ce qui fait en sorte que «les avenues sont minces pour tenter d’économiser.»

Un changement plus que nécessaire

«Avec cette pétition, nous espérons générer un grand tournant de l’histoire des personnes inaptes au travail du Québec. Ce qu’on veut c’est avoir une pension à part qui prend conscience des besoins particuliers des personnes jugées  invalides», résume l’instigatrice qui espère obtenir un 500$ de plus par mois.

Si la dame ne s’attend pas à un renversement du tout au tout, elle souhaite du moins que l’Assemblée nationale accepte d’enlever certaines règles contraignantes. «Il faut comprendre que cette pension est un recours pour les prestataires standards, mais notre seul recours à nous toute notre vie!»

Élément favorable, la Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec (COPHAN), un regroupement qui réunit près de 55 organismes, dont certains à la défense des personnes handicapées. «Le portrait était différent dans le passé, mais, cette fois, on est prêt à travailler tous ensemble!»