32 ans à allumer la lumière rouge
Depuis 32 ans, il occupe le poste de juge de but au sein de l’organisation des Cataractes de Shawinigan, formation de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). Il y a donc fort à parier que vous avez déjà croisé Jacques Lamy à l’aréna Jacques Plante ou au Centre Gervais Auto, ou encore que son visage vous est familier…
Jacques Lamy se souvient où tout a commencé.
«C’est Robert Dupont qui s’occupait de tout ça. Un jeune était censé se présenter comme juge de but, mais il est tombé malade. J’ai accepté de dépanner Robert, mais pour un soir seulement. Finalement, ça fait 32 ans que je suis encore là», lance-t-il d’entrée de jeu. «Jamais, jamais, jamais je n’aurais pensé occuper ce poste pendant plus de 30 ans. Je travaillais dans une caisse populaire et j’ai été instructeur au hockey pendant 30 ans.»
«J’aimais bien les Cataractes. Depuis l’âge de 5 ans que je venais à l’aréna. Il faut aimer ça, vous savez! Je me suis lié d’amitié avec tellement de joueurs près du vestiaire avant les matchs. Je n’ai jamais vu ça comme un travail, mais plus comme une passion», ajoute-t-il.
Celui qui fêtera bientôt son 82e anniversaire a amorcé sa carrière derrière le but des visiteurs (première et troisième période).
«Lorsque je suis arrivée, le juge de but en face de moi était plus vieux. Il est parti deux ou trois ans après mon arrivée, alors j’ai pu choisir le but des Cataractes (première et troisième période). Je n’ai jamais changé de côté depuis.»
À l’ère moderne, plusieurs arénas n’ont plus recours aux juges de but, mais plutôt à un système informatisé. C’est d’ailleurs le cas du nouvel amphithéâtre des Saguenéens de Chicoutimi, formation de la LHJMQ également. Cette situation n’a jamais inquiété M. Lamy. «Je n’ai jamais pensé à ça, ni eu peur de perdre mon emploi. Et je me suis toujours dit que »ce sera fini quand ce sera fini ».»
Le Shawiniganais se donne encore quelques années avant de se retirer. «J’ai offert aux Cataractes de me remplacer par un plus jeune s’ils le désiraient. Ils m’ont demandé de continuer et de partir quand le cœur m’en dira. (…) Je me donne encore deux ou trois ans avant d’arrêter», confie-t-il.
Anecdotes
Qui dit 32 ans de carrière dit quelques anecdotes, évidemment.
«Je me souviens du dégagement de Patrice Lefebvre (595 points en 296 matchs) alors que le filet était désert. La rondelle s’en venait en plein milieu du but alors j’ai allumé la lumière avant. Elle a frappé un bloc de glace et n’a pas pénétré dans le filet!»
«Il m’est aussi arrivé de voir la rondelle traverser le filet à l’époque où il n’y avait pas de reprises vidéo. L’arbitre est venu me voir pour discuter et au final, j’avais raison. (…) À l’aréna Jacques Plante, j’étais assis parmi la foule. Je me faisais souvent taquiner avec »Allume ta lumière ». J’aimais bien cette ambiance par contre, comparativement au nouvel aréna où je suis isolé.»
Plusieurs joueurs ont également marqué Jacques Lamy au cours de sa longue carrière.
«Il y en a eu beaucoup! Je me souviens de Marc-André Bergeron, de Stéphan Lebeau, Patrice Lefebvre et Sergio Momesso. Le meilleur joueur que j’ai vu est Michel Brière, mais je n’étais pas juge de but à l’époque», se souvient-il.
Beaux souvenirs
Avec une si longue carrière derrière la cravate, le Shawiniganais a également conservé son lot de souvenirs à travers le temps.
«Le plus beau des souvenirs demeurera toujours le titre de la Coupe Memorial. J’ai d’ailleurs allumé les trois buts de la finale (Shawinigan 2 – London 1 – Prol), dont le but vainqueur en prolongation (Anton Zlobin)», se souvient-il.
«J’ai également agi à titre de juge de but au vieux Forum de Montréal et au Centre Bell à deux reprises. J’ai travaillé pour des matchs étoiles de la LHJMQ et un match entre la Russie et le Canada», conclut-il.
À travers son long parcours, monsieur Lamy a vécu deux des trois meilleures saisons des Cataractes (sous le nom des Cataractes) en termes de victoires (54 et 51) et points de classement (116 et 105). Il a aussi été témoin de cinq des six pires saisons de l’histoire de l’équipe en termes de revers.