50 ans plus tard, René Levasseur se souvient

HOCKEY. Afin de souligner les 50 ans d’existence de la LHJMQ, L’Hebdo a retracé deux joueurs locaux des Bruins de Shawinigan qui ont disputé la saison inaugurale du club dans Aréna Jacques-Plante.

Le Shawiniganais René Levasseur, dont le frère Jean Levasseur est maintenant photographe officiel des Cataractes de Shawinigan, était un pilier de l’équipe lors de la saison 1969-70.

«C’était une très belle époque! Nous étions des adolescents et on vivait des choses intenses. On s’amusait et on montait les échelons ensemble avec le certain talent que nous avions. On était soudé, assez qu’on a gardé le contact avec les années. On s’était rendu en finale contre les Remparts de Québec. C’était tellement intimidant pour les autres équipes de jouer à Shawinigan. Il y avait beaucoup d’ambiance et il y avait le pit de bois où tout le monde tapait du pied», confie-t-il.

«Le premier match des Bruins nous opposait aux Ducs. Trois-Rivières contre Shawinigan, c’était déjà la grosse rivalité. Le hockey était très populaire. Aujourd’hui, c’est dirigé de façon plus professionnelle dans le sens où les joueurs vivent ce qui se rapproche du hockey professionnel. C’est une autre époque complètement! On avait un si bel esprit de camaraderie et nous étions une dizaine de joueurs qui venaient de Shawinigan, en plus du coach Claude Dolbec.»

Le défenseur avait récolté 23 points à sa première campagne, avant de rétorquer avec 54 points en 61 matchs l’année suivante. En 1971-1972, il a récolté 33 points, dont 13 buts en 52 matchs.

Le Shawiniganais René Levasseur

«Je ne me fixais pas d’objectif et ce n’était pas mon but d’être repêché. Je me souviendrai toujours d’être assis chez A&W lorsqu’un client est venu me dire que j’étais repêché par les Islanders de New York. Je suis rentré à la maison et j’ai raconté ça à mon père. Ensuite, tu commences à avoir des palpitations et tu te retrouves au camp d’entraînement sans savoir à quoi t’attendre. J’ai côtoyé des joueurs qui avaient joué dans la LNH. J’étais avec les gardiens de but Gerry Desjardins et Denis DeJordy. Ensuite, il y a avait les Denis Potvin, Billy Harris, Bob Nystrom et Glenn Cicco Resch.»

«Un moment donné, nous étions tous bons identiques et c’est très compétitif le hockey. Je n’étais peut-être pas assez bon il faut croire! (rires) Je suis resté deux ans dans les filiales et ensuite, je suis allé jouer trois ans en Europe. C’est une belle expérience et on remonte à 1975, alors il y avait encore beaucoup de différences entre un Européen et un Nord-Américain. Sur le plan hockey, ils débutaient (les Européens) ou presque.»

Et quelle serait son anecdote favorite?

«Le directeur de l’école est parti et il a été remplacé par une sœur. Les professeurs nous connaissaient tous, car ils venaient à nos matchs. Lorsqu’on allait jouer à Cornwall, par exemple, ils savaient qu’on manquait des cours. On est revenu un lundi matin suivant un voyage et la sœur nous attendait de pied ferme. Elle a dit que c’était terminé pour nous!», se souvient-il.

«Dans la même semaine, on est reparti sur la route et ça l’avait fâché de nouveau. On a discuté avec la direction et ils lui ont donné une paire de billets de saison. Elle avait compris l’ampleur de la situation et l’importance de la Ligue. Et bien les deux sœurs étaient assises au-dessus du banc des joueurs et elles venaient à tous les matchs. Lorsqu’on revenait d’un match sur la route, elle nous accrochait au passage et nous demandait comment ça s’était passé.»

«On patinait pour évacuer la fumée de cigarette»

François Gingras faisait lui aussi partie de l’édition des Bruins de Shawinigan lors de la première saison de la LHJMQ en 1969-70.

L’attaquant a eu la chance d’évoluer l’année précédente avec Michel Brière avant que ce dernier ne se retrouve avec les Penguins de Pittsburgh, dans la Ligue nationale de hockey. «C’était incroyable! Nous avions remporté le championnat de la saison régulière. Ce n’était pas la Coupe Stanley, mais c’était tout comme et on avait tellement célébré. On devait finir en milieu de peloton et notre équipe avait plusieurs plombiers qui se donnaient à 150%. En séries éliminatoires, Michel Brière s’était fait suspendre quatre matchs après qu’un joueur ait sauté dessus. Nous avons perdu les quatre matchs suivant», se remémore le natif du Lac-à-la-Tortue.

«Nous avions beaucoup de plaisir et on jouait pour notre ville. On avait vraiment notre ville à cœur! On avait beaucoup de reconnaissance aussi. C’était le bon temps dans le sens où on s’amusait jusqu’au niveau Junior et ensuite, on arrivait dans le pro et on jouait pour la paie.»

En 1969-70, Gingras avait récolté 14 buts et 35 points en 48 matchs, tout en cumulant 153 minutes au cachot. «Je me suis fait inviter au camp des Blues de Saint-Louis, mais je n’ai pas fait l’équipe. Michel (Brière) était lui devenu le premier joueur à sauter de la LHJMQ à LNH. Il se souvenait de moi, car je le protégeais sur la glace. Il m’avait dit:  »Je vais parler de toi à Pittsburgh pour essayer de te faire signer ». Malheureusement, il a été victime d’un accident de voiture l’été suivant sa première saison et il est décédé après être demeuré un an ou presque dans le coma.»

«J’ai joué dans une ligue senior dans le coin de Boston avant de me joindre aux Loups de La Tuque. Ensuite, je me suis mis à travailler pour Loto-Québec. C’était tellement une belle époque! La rivalité contre Trois-Rivières, c’était quelque chose! Il y avait autant de monde de Shawinigan que de Trois-Rivières dans les estrades, et il y avait parfois plus de bagarres dans la foule que sur la glace.»

L’ancien ailier gauche qui a soufflé ses 68 bougies le 23 décembre dernier n’a pas oublié le défunt Aréna Jacques-Plante.

«On affichait presque toujours complet et je me souviens que ça fumait énormément. Entre la deuxième et la troisième période, on patinait en rond pour évacuer la fumée de cigarette», lance-t-il en riant. «On jouait là-dedans! On avait les gradins qu’on appelait le pit. C’était hot! On se faisait souvent dire que c’était intimidant de venir jouer ici.»

«Au final, on s’est créé tellement de belles amitiés. On ne voit pas toujours les gars, mais on est content quand on se voit. Je pratique encore le hockey et on joue souvent le matin avant la pratique des Cataractes. Si vous voyiez les liens qui se créent entre les anciens joueurs et les nouveaux qui nous posent plein de questions. Même si on y a joué à une époque différente, on se parle beaucoup et la LHJMQ est comme une grande famille», conclut-il.