À la découverte des Canadiens-français
FRANCOPHONIE. Deux mois, cinq provinces, 14 000 kilomètres. À bord de sa fourgonnette baptisée Dolorès en souvenir d’une ancienne enseignante de français Guy Pilote s’est rendu cet été jusque sur l’île de Vancouver, mais bien plus que les prairies et les rocheuses, ce sont les francophones du Canada que ce Shawiniganais partait découvrir.
Retraité du domaine de la santé, il s’est lancé dans l’aventure sans idées préconçues. «Je suis parti à leur rencontre dans un esprit d’ouverture, de découverte et de fraternité», raconte Guy Pilote.
Que ce soit lors de ses rencontres avec la députée ontarienne Amanda Simard, les participants du Festival Fransaskois en Saskatchewan, les représentants de la Cité francophone à Edmonton ou ceux de la Fédération des parents francophones de Colombie-Britannique qui ont emmené la province en Cour suprême pour obtenir de l’éducation en français, Guy Pilote a rencontré des gens fiers de leurs racines. «C’est incroyable tous les efforts qu’ils font pour maintenir leur langue en vie», témoigne le Shawiniganais avec admiration.
Cette ténacité à préserver la langue française, elle encore plus admirable en 2019 du fait que les communautés ont éclaté avec l’urbanisation. «Il y a 50 ans, ces gens-là vivaient ensemble. De nos jours, les jeunes s’en vont en ville et plusieurs adoptent l’anglais pour s’intégrer. C’est alors que tu réalises que parler français en situation de minorité, ça devient une décision de tous les jours. Ils doivent maintenant se battre pour avoir des institutions pour maintenir la francophonie en vie.»
Relation ambiguë avec le Québec
Durant son périple, Guy Pilote a également découvert avec étonnement l’ambigüité et la fragilité de la relation qui les unit avec les Québécois. «Avec la montée du nationalisme chez nous, ils se sont sentis abandonnés. Le fait que le Québec ait cherché à se définir sur le plan culturel et politique, ça les a obligés à entreprendre une réflexion de leur côté. C’est à partir de là qu’ils se sont mis à s’identifier non plus comme des Canadiens-français mais plutôt comme des Franco-Ontariens, des Franco-Manitobains, des Franco-Albertains.»
En guise de comparaison, Guy Pilote explique qu’ils entretiennent face aux Québécois le même sentiment que nous avons longtemps vécu avec nos cousins de France. «Alors que nous disions »les maudits Français qui viennent nous dire comment parler ». Eh bien, on fait sans le savoir la même chose avec eux», sourit-il.
De retour à Shawinigan, Guy Pilote décante peu à peu son expérience. Il songe à écrire un livre pour relater ses observations. Et en 2020, il entreprendra la seconde partie de sa découverte de la francophonie canadienne en allant visiter les quatre provinces de l’Atlantique. «Ça sera sans doute différent parce que là-bas, les Acadiens forment déjà une communauté», termine-t-il.
Pour en savoir plus sur le périple de Guy Pilote, consultez son blogue sur roulerfranco.blogspot.com
Le contexte
À l’automne 2018, les francophones hors Québec sont mis sous sellette par deux épisodes successifs. Invitée à l’émission <@Ri>Tout le monde en parle<@$p>, Denise Bombardier créait la polémique en affirmant que ces populations étaient en voie de disparition. Puis quelques semaines plus tard, la députée conservatrice Amanda Simard quittait avec fracas le gouvernement Ford en Ontario pour protester contre les coupures dans les services en français. «Ces deux événements ont suscité beaucoup de réactions en dehors du Québec. Ça m’a fait réaliser qu’il y avait plusieurs communautés francophones au pays, mais que la plupart des Québécois, dont moi le premier, ne savaient pas véritablement qui ils étaient.»
Saviez-vous que
- À l’extérieur du Québec, le nombre de personnes au Canada ayant le français comme langue maternelle était d’environ 1 067 000.
- À l’extérieur du Québec, plus des trois quarts de ceux qui parlent le français à la maison résident au Nouveau-Brunswick (245 000) et en Ontario (596 000).