Alain Garceau range son tablier, son fouet et sa spatule
GOURMANDISE. Depuis trente ans, les Shawiniganais et Shawiniganaises pourraient lui reprocher quelques-uns des kilos qu’ils traînent en surplus, mais malgré tout, depuis son départ, ils sont plus nombreux à s’en ennuyer que de lui en vouloir…
Propriétaire de Pâtisserie Le Palais depuis 1994, Alain Garceau a rangé son tablier, ses fouets et ses spatules plus tôt cet été en vendant ses parts à son associée, Marie-Claude Ross. La transaction a eu lieu en fait en décembre 2023, mais le pâtissier a continué quelques mois, question de faire une transition en douceur.
« Durant cette période, je faisais 40-45 heures par semaine au lieu de 60-65 comme auparavant. Mais au début juillet, j’ai décidé de me retirer complètement. Il y en a qui viennent travailler en marchette ou qui meurent quasiment sur leur table de travail. Moi, je ne voulais pas ça. Je voulais voyager, aller en Europe. J’étais rendu-là », confie le nouveau retraité de 61 ans, attablé devant un café dans son ancien commerce.
Ses 30 ans en tant que propriétaire de la pâtisserie ont coïncidé avec le 40e anniversaire de l’entreprise fondée par Sylvain Aubry. Rien ne destinait au départ Alain Garceau à préparer des ganaches au chocolat et des truffes, si ce n’est une passion pour la bonne table. « J’ai suivi une formation de deux ans de services aux tables, cuisine et pâtisserie, mais ce n’était rien de spécialisé. »
Durant une dizaine d’années, il travaillera un peu dans le domaine de la restauration, mais surtout dans le réseau de la santé, au Pavillon Dagenais à Sainte-Marthe-du-Cap, une institution qui hébergeait des personnes ayant une déficience intellectuelle. C’est finalement par le biais d’une tante de sa conjointe, qui était associée avec Sylvain Aubry, qu’il apprend que le fondateur du Palais veut prendre sa retraite et cherche une relève.
Alain Garceau trouve son X
Alain Garceau tombe alors sur son X comme on dirait aujourd’hui. Débute alors une carrière qui s’échelonnera sur trente ans, ponctuée d’anecdotes qui font sourire aujourd’hui, mais qui étaient dramatiques sur le moment. « Une fois, un de mes garçons a été porter un gâteau de mariage six étages au Baluchon. Le gâteau est tombé dans la voiture. Je me suis tout de suite dirigé là-bas et finalement, le gâteau a fini à quatre étages avec des petits desserts servis à côté. Les mariés n’ont rien vu et m’ont même remercié quelques jours plus tard », sourit le rusé pâtissier.
Longtemps situé sur la 4e rue, les affaires roulaient bien au Palais, mais l’espace est devenu rapidement insuffisant pour développer davantage. « La 4e rue, ça toujours été l’enfant pauvre au centre-ville à Shawinigan. Les commerçants demandaient toujours à la ville de peinturer les poteaux, de remplacer les lumières. C’est là qu’avec mon associée du temps, Mélanie Dubé, on a décidé de déménager sur la 5e rue », se rappelle l’entrepreneur.
En 2009, fraîchement installée dans l’ancien local du restaurant Caloca complètement revampé, la Pâtisserie Le Palais arrive dans un contexte de renouveau sur l’artère principale du centre-ville. « Tu avais le Yéti et Le Globe qui marchaient bien et le Café Morgane et la boulangerie Tous les jours dimanche sont arrivés. Le maire Michel Angers venait d’être élu. Il y avait un vent de renouveau dans ce temps-là », se rappelle Alain Garceau.
S’il a un regret justement maintenant qu’il quitte, c’est que cet élan ne s’est pas poursuivi. « Quand la ville a refait la 5e avec du pavé et aménagé la place du Marché en 2011, ça n’a pas amené un renouveau commercial comme c’était prévu. »
Après trente ans à faire des affaires au centre-ville de Shawinigan, Alain Garceau a sa petite idée sur la façon dont le secteur pourrait être redynamisé. « Je pense que ça passe par une SIDAC, avec une cotisation obligatoire sur le compte de taxes municipales. Le regroupement des gens d’affaires, c’est bien, mais le monde qui s’implique là-dedans a déjà leur business à faire rouler. Il faut voir ça comme un investissement. Quand tu as une entreprise, tu investis parfois dans de nouveaux produits. Parfois ça marche, parfois tu te plantes. Avec une SIDAC qui a des ressources, tu lui donnes un mandat clair : emmener du monde au centre-ville », conclut le nouveau retraité.