Archiviste de la mémoire des entreprises
AFFAIRES. Des centaines de boîtes remplies de milliers de documents sont empilées dans le couloir. Une bonne journée de travail attend France Longpré et son équipe.
Depuis l’automne dernier, la femme d’affaires occupe l’ancien salon funéraire de la 4e rue de la Pointe à Shawinigan. Elle y a investi plus de 400 000$ dans son acquisition et sa transformation. «Nous, on fait ce que les gens n’aiment pas faire», dit-elle en souriant.
Ces tâches ingrates qui font son bonheur, c’est la gestion des documents et leur numérisation. Inconnu du public, Service de gestion documentaire France Longpré (SGDFL) se définit comme «La mémoire de votre entreprise». La PME qui emploie une soixantaine de personnes est la référence au Québec dans ce domaine. «On se bat pour des contrats contre des géants comme Iron Mountain, une multinationale américaine», lance la Shawiniganaise qui a fondé son entreprise au milieu des années 2000.
Depuis 2004, SGDFL a remporté tous les appels d’offres de gestion documentaire lancés par Desjardins. «Nous ne sommes que trois à avoir l’accréditation de Desjardins mais nous occupons environ 80% du marché.» Depuis quelques années, la numérisation est devenue une facette incontournable de la gestion des archives. «C’est à partir de là que nous avons pris notre essor», explique France Longpré qui vise une centaine d’employés d’ici un an.
Un bâtiment à sécurité extrême
C’est d’ailleurs dans l’optique d’un nouveau contrat de numérisation avec Desjardins qu’elle a acquis l’ancien salon funéraire du centre-ville. «Nous conservons notre bureau à Bécancour mais j’ai vu ce bâtiment comme une opportunité pour nos projets d’expansion», souligne celle qui est native de Shawinigan-Sud. Elle a embauché le responsable de l’informatique au Cégep de Shawinigan, Stevens Gagnon, pour que l’immeuble puisse répondre aux normes les plus élevées en matière de cybersécurité.
«Nous avions commencé le travail de numérisation lorsqu’est survenue l’annonce du vol de données. Toute l’opération a été immédiatement stoppée net», raconte France Longpré qui doit pour le moment poursuivre son mandat en se rendant directement dans les caisses d’ici à ce que la poussière retombe. Avec quelques employés, elle part d’ailleurs cette semaine au Complexe Desjardins à Montréal pour une période de deux mois.
Son équipe, majoritairement des femmes, est composée d’archivistes, de techniciennes en documentation et même d’une avocate qui s’occupe des soumissions. «Il y a du temps plein mais j’ai aussi plusieurs préretraitées qui viennent travailler à temps partiel. Toutes ont du cœur au ventre et le souci du service à la clientèle», souligne-t-elle avec fierté. «Mon père qui était boulanger m’a toujours dit: »La personne devant toi, c’est la personne la plus importante ». C’est comme ça que je fonctionne, c’est aussi ça l’âme de mon entreprise.»
Consciente que ses contrats avec Desjardins sont autant une manne qu’un danger advenant la perte d’un appel d’offres, SGDFL explore depuis quelques mois le marché des municipalités. «Nous travaillons présentement avec Saint-Narcisse et la MRC de Maskinongé. Pour le moment, je veux comprendre le monde municipal pour voir ce qu’on peut lui offrir. Moi, j’emprunte la philosophie de Steve Jobs qui disait vouloir proposer au client ce dont il ne sait pas encore qu’il a besoin», termine France Longpré d’un ton déterminé.