Aux trousses du cancer
SCIENCES. Natif de Saint-Georges-de-Champlain, Yannick Benoit a su très jeune qu’il se dirigerait vers les sciences. Aujourd’hui, celui qui est considéré comme l’un des chercheurs canadiens les plus prometteurs de sa génération est sur le point d’accéder à son premier poste de professeur à l’Université d’Ottawa, où il continuera à développer des traitements pour le cancer du côlon.
«C’est comme une enquête policière. On court après un suspect qui n’a pas laissé beaucoup de traces et d’indices», explique-t-il. Présentement chercheur postdoctoral à l’Université McMaster en Ontario, il est l’un des quatre récipiendaires de la bourse pour la relève scientifique 2015 de la Société de recherche sur le cancer.
«Il n’y a pas une journée qui se ressemble. J’aime la dynamique et les discussions entre les chercheurs. Le sentiment de récompense qu’on peut avoir quand on a l’impression de faire une découverte, c’est jubilant!», raconte-t-il.
En riant, il explique que dans son album de sixième année, il disait rêver de devenir biochimiste, sans trop savoir ce que c’était. «J’aimais beaucoup les émissions et les magazines scientifiques comme Les Débrouillards. J’ai eu un déclic quand nous avons visité les laboratoires de l’Institut de recherches cliniques de Montréal en troisième secondaire.»
Épigénétique, vous dites?
Après l’école secondaire du Rocher, il s’est dirigé en sciences au Cégep, avant d’entreprendre un baccalauréat en biochimie, une maitrise en biologie cellulaire, un certificat au département de génie mécanique et un doctorat en biologie cellulaire à l’Université de Sherbrooke.
Pendant ses études, il a concentré ses recherches sur le système digestif chez l’humain, plus précisément sur l’épigénétique, c’est-à-dire l’ensemble des facteurs, autres que l’information encodée dans la séquence de l’ADN, qui influencent l’activité des gènes.
Il a ensuite vécu à New York en plein cœur de Manhattan pour étudier le rôle de l’épigénétique dans le cancer du côlon au département de pharmacologie du Weill Cornell Medical College. «C’est pendant cette période que j’ai développé un intérêt pour les cellules souches cancéreuses.» Il est revenu au Canada en 2013, en Ontario.
«Si tout se passe comme prévu, je devrais joindre les rangs du Département de médecine cellulaire et moléculaire de l’Université d’Ottawa à titre de professeur-chercheur au cours de l’année 2017. C’était mon but ultime», avoue le chercheur de 35 ans, qui souhaite diriger son propre laboratoire.
Le long chemin d’un étudiant en sciences
Yannick Benoit est heureux de ce dénouement positif qui vient reconnaitre la qualité de son parcours, même s’il estime qu’il y a une part de chance dans toutes ces opportunités. «J’y ai toujours cru. Par contre, les statistiques étaient contre moi. Il y a environ 1 chance sur 10 de devenir professeur pour un doctorant. Ce n’est pas évident, et ça peut être décourageant après 10 ans d’université.»
Ce tournant qui arrive dans sa carrière n’est pas une fin en soi. Si son domaine bouge rapidement, le fruit du travail est souvent récolté des années plus tard. «Il faut continuer à performer, avoir les meilleurs projets, recruter et former les meilleurs étudiants, pour produire des articles qui vont avoir un impact dans la communauté scientifique», conclut-il.