Bogue de l’an 2000: Que faisiez-vous il y a 20 ans, le 31 décembre 1999?
MILLÉNAIRE. Grand-Mère avait aménagé un poste de commandement dans un local de la bibliothèque Hélène-B.Beauséjour; une énorme génératrice avait été installée à l’hôtel de ville de Shawinigan; Shawinigan-Sud avait fourni des walkies talkies à ses chefs de service afin d’être joignables en cas de besoin.
Et vous, que faisiez-vous le 31 décembre 1999 à minuit?
Il y a 20 ans, le Centre-de-la-Mauricie était au diapason du reste de la planète: que va-t-il se passer lorsque le cap du millénaire sera franchi? Est-ce que le carrosse va se transformer en citrouille? Durant toute l’année 1999, ce fut le principal sujet de conversation.
L’actuel directeur général de la SADC du Centre-de-la-Mauricie, Simon Charlebois, avait prononcé en janvier 1999 une allocution sur le sujet devant les membres de la Chambre de commerce et d’industrie de Shawinigan. Force est de constater que le conférencier avait eu du flair.
«Les informaticiens font beaucoup d’argent avec le bogue à l’heure actuelle. Les frais d’avocats reliés au problème vont coûter plus cher que le problème lui-même», avait-il prophétisé. Lors de cette même activité, Simon Charlebois rapporte le cas d’un cardiaque de Grand-Mère qui avait dû être réopéré parce que son vieux pacemaker aurait pu bêtement cesser de fonctionner au tournant de l’an 2000…
Les trois villes du Centre-de-la-Mauricie n’étaient pas en reste, ayant chacune développé un plan d’urgence en cas de catastrophe à minuit le 31 décembre. Grand-Mère avait budgété une somme de 75 000$ pour faire face à la situation, mais la trésorière de la ville, Johanne Grenon, s’était faite aussi rassurante que transparente: «Nos équipements ne sont pas tellement informatisés.» Un mal pour un bien en quelque sorte.
À Shawinigan-Sud, le directeur général Yves Vincent – qui occupe le même poste à la Ville de Shawinigan aujourd’hui – avait mandaté une personne à temps plein durant six mois pour inventorier tous les appareils de la ville ayant des composantes informatiques. «Du système de son du terrain de baseball à la caisse enregistreuse de la station de ski; du feu de circulation aux moteurs de la station de pompage; tous les fournisseurs de ces équipements ont dû émettre un certificat de conformité. Nous avons fait des recherches sur Internet pour élaborer une méthode de travail», avait déclaré Yves Vincent sur un ton convaincu à défaut d’être convaincant…
Les policiers étaient prêts
Exceptionnellement le 31 décembre 1999, les autorités publiques avaient autorisé les établissements licenciés à demeurer ouverts après l’heure légale de fermeture, soit 3h du matin.
Ça va répartir le trafic. Nos effectifs policiers seront doublés et nous ferons beaucoup de vérifications pour l’alcool au volant», mentionnait Serge Audet, directeur de la sécurité publique de Shawinigan-Sud. Incidemment sur le territoire, un seul automobiliste sera arrêté en état d’ébriété dans la nuit du 31 au 1er janvier 2000.
Qu’il lève la main s’il se reconnait aujourd’hui…
Les bénévoles de Nez Rouge à Shawinigan avaient d’ailleurs connu une soirée occupée en cette nuit du millénaire alors que pas moins de 90 raccompagnements avaient été effectués et que l’attente était d’environ une heure. «Nos bénévoles étaient contents d’être là. Il y avait beaucoup d’ambiance. Ça chantait et ça dansait», racontait le coordonnateur local de Nez Rouge, Louis Vanasse au lendemain de la nuit historique.
À Grand-Mère, les policiers avaient répertorié tous les partys de fin d’année afin d’intervenir rapidement en cas de besoin. Le directeur de la sécurité publique Yvon Sanscartier signalait que «les renseignements policiers ne laissent pas entrevoir qu’une secte ou un autre groupe pourrait préparer un coup d’éclat. D’après ce que nous observons, les gens fêteront surtout en famille.»
Dans leur poste de commandement à la bibliothèque municipale, les policiers grand-mérois ne laissent rien laissé au hasard en placardant les murs de cartes de la ville et des plans des réseaux de Gaz Métropolitain et d’Hydro-Québec.
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