«C’est comme si on m’avait tendu la main» – Katleen Cossette-Ambroise
SOBRIÉTÉ. À seulement 32 ans, Katleen Cossette-Ambroise a déjà vécu plusieurs existences, mais jamais elle n’aurait pensé qu’une arrestation serait le déclencheur de son ultime renaissance.
Dans la nuit du 17 au 18 décembre 2017, après avoir accroché une voiture dans un stationnement, la jeune femme est arrêtée en état d’ivresse. Son taux d’alcoolémie fracasse trois fois la limite permise. «Cet événement a été un moment crucial dans ma vie, raconte la Shawiniganaise. C’est comme si on m’avait tendu la main.»
Moitié autochtone de par son père Atikamekw, Katleen Cossette-Ambroise vivait 200 km à l’heure depuis la fin de son adolescence. Durant six ans, elle consomme des amphétamines à un rythme infernal. «J’ai toujours été excessive dans ce que je faisais. À la fin, je prenais 10 speeds par jour. Je ne dormais plus. Je suis chanceuse d’avoir encore toute ma tête aujourd’hui.» Après une thérapie au Centre de réadaptation Wapan à La Tuque, réservé aux femmes autochtones, elle se débarrasse enfin de sa dépendance aux amphétamines. «Le 5 mai dernier, ça faisait dix ans que je n’avais pas consommé», dit-elle fièrement.
Croyant avoir remporté son combat, Katleen ne se doute pas qu’il ne fait que se transposer sur un autre champ tout aussi miné: l’alcool. «En me levant, je prenais du Rev, une boisson alcoolisée énergisante. J’en buvais toute la journée pis le soir, pour me calmer et m’endormir, je remplaçais ça par du vin. Et je recommençais le manège le lendemain.» En parallèle de cette consommation effrénée, la Shawiniganaise prend quotidiennement des médicaments pour traiter un trouble de l’anxiété généralisée.
Un cocktail qui a explosé le 18 décembre 2017…
Merci à l’agente Cyr
Si pour certain, une arrestation pour facultés affaiblies est une affaire de malchance, c’en est une de chance pour Katleen Cossette-Ambroise. «J’ai tellement eu honte de ça. En me réveillant ce matin-là, c’était soit ma bouteille pis je me pendais ou bien j’arrêtais de boire et je prenais un nouveau départ.»
La jeune femme n’a alors qu’une idée en tête: retrouver l’agente qui l’a arrêtée. À chaque fois qu’elle entrevoit la policière Johanne Cyr, elle la salue. Il y a deux semaines, elles se rencontraient une première fois pour prendre le temps de jaser. «J’étais tellement contente de lui dire merci, car pour moi, c’est comme si elle m’avait sauvé la vie. Elle m’a dit que c’était rare que les policiers se faisaient donner une tape dans le dos, mais que si je m’en étais sorti, c’était uniquement grâce ma volonté.» Invitée par la Sûreté du Québec à aller témoigner dans les écoles de son parcours de vie, la Shawiniganaise a dit oui immédiatement. «J’aimerais aider mon prochain comme on l’a fait pour moi», dit-elle.
Près de deux ans après cette nuit qui a tout changé, Katleen regarde avec émotion le chemin parcouru. «Je suis fière de moi, mais je suis encore plus fière de voir que ma mère et mes grands-parents sont fiers de moi. Il y a des journées où je me sens moins forte ou que je fais des erreurs, mais je n’ai plus la tentation d’aller vers l’alcool. Aujourd’hui, je vis mes peines à frette pis quand je me lève le lendemain, je me dis que ça sera une belle journée.»
Belle à sa façon
Le 4 novembre prochain, Katleen Cossette-Ambroise témoignera de son parcours dans Belle à ma façon animée par Chantal Lacroix.
Dans cette émission diffusée sur Canal Vie, les téléspectateurs suivent trois femmes partageant une problématique commune. «Nous étions les trois à avoir un trouble alimentaire: l’une était anorexique, l’autre boulimique puis moi, c’était un mixte des deux», raconte la Shawiniganaise qui compose avec cette maladie depuis son adolescence.
Durant des années, elle se fera vomir volontairement après les repas. «Ma dentition a été affectée par l’acidité des vomissements répétés puis avec ma consommation de speeds», poursuit celle dont seuls quelques rares amies et parents connaissent cette facette de sa vie.
Dans Belle à ma façon, les participantes reçoivent un traitement V.I.P. sur une partie de leur corps qu’elles voudraient changer. C’est évidemment sur ses dents que les soins ont porté dans le cas de Katleen.
«Quand tu consommes ou tu bois tous les jours, c’est que tu n’es pas bien dans ta peau. Pour la première fois de ma vie après l’émission, je me suis dit que je m’aimais. Au fond, j’avais peut-être juste besoin de ça», termine-t-elle.