« C’est un pont trop imprévisible » – François Bonnardel

TRANSPORT.  Invoquant la sécurité de la dizaine de milliers d’automobilistes qui l’emprunte chaque jour, le ministre des Transports a ordonné jeudi la fermeture du pont des Piles qui enjambe la rivière Saint-Maurice sur la route 155. « C’est un pont trop imprévisible », a soutenu François Bonnardel en point de presse à Shawinigan pour justifier cette décision radicale étant donné l’importance stratégique du lien vers le Haut Saint-Maurice. 

Cette fermeture devrait être effective au moins jusqu’à la fin de l’année 2022, le temps que des travaux de renforcement soient effectués. Ceux-ci consisteront à installer des pylônes verticaux à chaque extrémité de la structure puis des haubans (câbles d’acier) qui viendront reprendre une partie des charges imposées actuellement au tablier du pont.

« Ce sont des travaux majeurs et complexes », a reconnu Marie-Ève Turner, directrice régionale du ministère des Transports du Québec (MTQ). Ils seront entrepris le plus rapidement possible avec l’objectif de rétablir la circulation d’ici la fin de la présente année. « Il y a cependant un défi au niveau de l’approvisionnement des matériaux, particulièrement les câbles », a-t-elle poursuivi.

Avant d’arriver à cette décision, le MTQ a jonglé à divers scénarios, dont la circulation en alternance, la limite de charge, l’interdiction aux camions lourds et même l’installation d’un pont temporaire, mais devant les conclusions des ingénieurs, c’est la fermeture préventive qui a été privilégiée. « C’est toujours la dernière option », affirme Marie-Ève Turner.

Des tests menés en 2019 avaient révélé une dégradation plus rapide que prévu de la structure, d’où la décision du ministère d’annoncer en 2020 la construction d’un nouveau pont. Mais d’autres essais de chargement réalisés en novembre 2021 ont établi que la capacité portante du tablier était sérieusement compromise. « Nous étions à un point qu’il était de moins en moins facile de prévoir le comportement du pont », a souligné la directrice régionale du MTQ.

Le pont des Piles est utilisé par environ 11 600 véhicules par jour, dont 14% de camions lourds. Construit en 1978, il s’agit d’un des quatre ponts à poutre-caisson en béton précontraint au Québec. Il s’agit d’un type d’ingénierie qui n’est plus employé déjà depuis plusieurs années, car ses défaillances sont désormais connues. Les autres situés en Gaspésie, au Bas-Saint-Laurent et en Abitibi demeurent sécuritaires a souligné un ingénieur du MTQ mais celui qui surplombe la rivière Saint-Maurice s’est dégradé plus rapidement étant donné le nombre important de véhicules qui l’emprunte.

François Bonnardel s’est avancé sur un échéancier concernant la construction d’une nouvelle structure qui sera de type pont en arc en acier à tablier supérieur. Des travaux de déboisement seront effectués dès cette année afin de préparer le terrain pour la future construction. « On mise sur le début des travaux au printemps 2023 pour une livraison au début 2025 », a déclaré le ministre des Transports. Il a rappelé que l’érection des pylônes et de haubans sur le pont des Piles ne seraient en fait que devancées puisqu’ils étaient nécessaires pour entreprendre l’opération de démantèlement.

Trajets alternatifs

Étant donné le trafic routier important circulant sur le pont des Piles, deux trajets alternatifs seront proposés aux automobilistes qui voudraient se rendre en Haute-Mauricie. Les usagers locaux seront invités à prendre différents tronçons selon leur point de départ comme l’autoroute 55, les routes 153 et 157, la 125e rue, le  rang Saint-Mathieu, et les routes 359 et 153. Pour les camions lourds sur l’autoroute 40 en provenance de Montréal ou Québec, ils seront invités à prendre la sortie Saint-Luc-de-Vincennes pour emprunter les routes 359 et 153. Étant donné son étroitesse, le pont de Grand-Mère sera à éviter pour les camions lourds.

« On sait l’importance de l’industrie forestière dans le Haut Saint-Maurice. On demande donc la collaboration des camionneurs et la patience des citoyens », a déclaré la députée de Laviolette – Saint-Maurice, Marie-Louise Tardif, qui accompagnait le ministre Bonnardel lors de son point de presse.

Le maire Michel Angers a lui aussi fait part de ses craintes par rapport au détournement du trafic. Une partie du trajet inclut un détour sur la 125e rue, dans le secteur Shawinigan-Sud, à proximité des résidences, de l’hôpital et des écoles a-t-il rappelé. « On va être très attentif sur la façon dont les chauffeurs de camions lourds vont se comporter », a poursuivi celui qui admettait que le début d’année 2022 était pénible à plus d’un point de vue.

La directrice régionale du MTQ a souligné que des signaleurs seront positionnés à des endroits stratégiques des chemins de détour afin de favoriser la fluidité de la circulation, notamment lors des moments plus achalandés. « Ils seront nos yeux et nos oreilles et nous apporterons des modifications aux trajets alternatifs au besoin », a conclu le ministre Bonnardel.