Cheers à l’amour!

Ma soeur jumelle identique s’est mariée au début octobre. Elle m’avait confié la tâche difficile de composer et lire un texte parlant d’amour pour la cérémonie. Pas facile. Pendant des semaines, j’ai pensé et pensé et je ne savais pas trop quoi écrire. L’amour, c’est tout un sujet.

En plus, quand on est jumelle, on naît avec une âme soeur, on passe toute notre vie à deux, avec quelqu’un sur qui on est collé depuis le début, au stade où l’on est tout juste de la taille d’un grain de  de poussière. Notre vision de l’amour est idéaliste. C’est difficile de trouver une tendre moitié qui nous pourra nous comprendre autant que notre soeur. Quand tu as passé les 20 premières années de ton existence avec quelqu’un qui saisit d’un simple regard, c’est difficile d’apprendre la vie à deux autrement. Parfois, ça nous rend impatient avec la personne qui partage notre vie. On se sent un peu comme: ‘’C’est ben compliqué se faire comprendre!” Ça rend notre quête probablement plus difficile et j’ai toujours l’impression que ça me rend beaucoup moins apte à parler d’amour et de la vie de couple, parce que ma vision des choses est quelque peu atypique.

J’ai essayé encore et encore de mettre de l’ordre dans mes idées, en vain.

Tant de choses à dire, mais par où commencer? Quel angle choisir?

Il fallait que ce soit beau. Positif. Inoubliable.

En même temps, je ne voulais pas raconter n’importe quoi. Je n’étais pas pour dire que l’amour est promesse d’un long fleuve tranquille, d’oiseaux qui chantent et d’animaux de la forêt qui t’aident à faire ton lavage. À l’opposé, je ne voulais pas dire non plus que parfois, l’amour te tape sur les nerfs. Même si c’est vrai là. C’était juste pas le moment, tsé. Et malgré mon statut de personne mariée depuis 318 ans, c’est à dire dans le temps où Pinterest ne pouvait pas encore m’aider avec la palette de couleurs de mes noces et que les Black Eyed Peas étaient in, le rôle de vieille-sage-donnant-des-conseils-de-vie ne me convenait pas tant.

Et puis un soir, alors que je devais donner mon numéro d’assurance sociale de façon urgente, que j’avais un blanc de mémoire et que ma carte perdue il y 20 ans et jamais remplacée ne pouvait pas m’aider, les bons mots me sont venus, grâce à mon mari d’amour, Monsieur B. La vie est bien faite, non?

Mon premier réflexe devant ma mémoire défectueuse, avait été d’envoyer un texto à ma jumelle, qui connaît mon NAS par coeur, probablement à force de compenser pour moi à toutes les fois où je ne m’en souvenais plus, mais aussi parce que le sien est identique à un chiffre près. Toujours est-il qu’elle ne répondait pas et que je me suis mise à m’énerver.

Monsieur B, informé de la situation, récita nonchalamment les 9 chiffres par coeur, en continuant de plier du linge.

Ça m’a frappé. Je me suis arrêtée net.

L’amour, c’était ça.

L’amour, c’est mon chum qui retient des trucs même s’il n’a pas à les retenir, parce qu’il sait qu’il a une petite femme (super adorable et pleine de qualités, bien que lunatique), qui ne trouve pas sa carte d’assurance sociale depuis 1997 et va possiblement avoir besoin de l’info un jour ou l’autre..

L’amour, c’est quelqu’un qui te tape sur les nerfs le mardi, mais qui t’éblouit avec des petites choses anodines le jeudi.

L’amour, que tu sois jumelle ou pas, c’est de trouver la personne qui te comprend et te complète, pas tout le temps ni sur tout, mais quand ça compte.

Et je savais que tout comme moi quelques années plus tôt,  ma soeur, elle aussi, avait trouvée.

Alors c’est ce que j’ai écrit dans mon texte, composé quelques jours après cette anecdote (et/ou à 2 heures du mariage, sur l’adrénaline et submergée par l’émotion). C’est ce que j’ai lu avec mon coeur,  à travers mes sanglots dignes des chutes Niagara, au plus chouette couple de la journée et à la soixantaine d’invités, relevant le défi qui m’avait été donné tout en faisant monter en flèche les ventes de Kleenex.

Cheers à l’amour!