Cri du coeur pour offrir un meilleur salaire aux préposés
Les résidences Entre-Deux de Trois-Rivières et Villa Tournesol de Shawinigan unissent leur voix pour dénoncer la décision du gouvernement du Québec de mettre fin à la prime de 4 $ de l’heure offerte à leurs préposés aux bénéficiaires après la levée de l’urgence sanitaire. Sans cette prime, les directions des résidences affirment que leur avenir est incertain.
Ce sont 24 personnes vivant avec un handicap qui sont hébergées à la résidence Entre-Deux et 10 à la Villa Tournesol. Les locataires y reçoivent des services de soutien à domicile 24 heures/7 jours. Ces ressources de type communautaire ont été créées pour offrir des milieux de vie alternatifs aux CHSLD. Elles sont financées à 100 % par le réseau de la santé.
« Si la prime est coupée, on ne se rend pas en mars, déclare Julie Durand, présidente de la résidence Entre-Deux. Si ça s’arrête aujourd’hui, ça va être beau si on se rend en février et on arriverait en déficit d’au moins 75 000 $. »
« Par respect pour nos employés, on a décidé de maintenir les salaires, jusqu’à épuisement des fonds, ajoute cette dernière. L’impact du retrait de 4 $ de l’heure, ce sont nos employés et nos résidents qui en paieront les frais. On ferait quoi si nos préposés nous quittaient? On ne pourra pas engager des préposés à 15 $ de l’heure dans le contexte dans lequel on se retrouve. Nous ne sommes pas attractifs avec ces salaires. »
À la Villa Tournesol, on compte douze préposés aux bénéficiaires. Là aussi, le manque de main-d’oeuvre se fait sentir et la décision du gouvernement inquiète grandement la directrice générale, Sophie Leblanc.
« En cours d’année, il m’est arrivé régulièrement d’assumer des quarts de travail de nuit, en plus de mes tâches de directrice générale au quotidien, dit-elle. Il est inconcevable de laisser nos locataires seuls la nuit. Ce sont des gens qui ont besoin d’aide à domicile en tout temps. »
Cette dernière croit fermement que ses employés méritent d’avoir le même salaire que les préposés qui travaillent ailleurs dans le réseau de la santé. « Si la prime de 4 $ disparaît après la levée de l’urgence sanitaire, c’est certain qu’on va perdre nos employés. Déjà, depuis le printemps, trois personnes sont parties pour des ressources intermédiaires. Il est primordial que cette prime devienne permanente », martèle Mme Leblanc.
Elle aussi maintiendra le salaire actuel de ses employés, tant qu’il sera possible de le faire. « Un locataire à la résidence coûte présentement 49 000 $ par année au CIUSSS, comparativement à 89 000 $ en CHSLD, soutient-elle. Avec la prime que nous voulons maintenir, ce même locataire va coûter au réseau de la santé 57 500 $ par année, ce qui représente quand même une économie de 31 000 $ par individu. »
Si la décision du gouvernement n’est pas revue, elle ignore combien de temps son organisation pourra tenir le coup. « Notre année financière se termine en avril. Il faudra voir après », laisse-t-elle tomber.