Croire au père Noël

Par Amélie Vallée | CHRONIQUE. Dans la vie, il y a des règles dites implicites. On ne les retrouve nulle part. Elles règnent au-delà des écrits. Elles imposent leur existence à travers les années.  S’il y en a une avec laquelle je suis profondément en accord, c’est celle-ci: «Nous devons croire éternellement au père Noël».

Pour certains, il peut être difficile d’accorder sa confiance à quelqu’un qu’on ne voit qu’un seul mois par année et qui, de surcroît, parvient à débarquer dans le stationnement de 12 centres commerciaux différents, la même journée! Je l’admets, son existence peut paraître louche.

Cependant, tout comme un numéro de Luc Langevin, l’existence du père Noël doit être synonyme de magie. Le père Noël, c’est la neige dans la boule de verre qu’on agite, c’est le crémage à l’érable qu’on étend sur la bûche, c’est le restant des petits sandwichs du Réveillon qu’on fait griller pour déjeuner…  Croire au père Noël, c’est choisir consciemment d’être crédule.  Croire au père Noël, c’est accepter de partager un gros morceau de candeur avec les gens qu’on aime, l’espace d’un instant.

Le Père-Noël est un être humble. Nous ne le verrons jamais participer à un débat pour revendiquer son existence en compagnie de la Fée des dents et du Lapin de Pâques.  Nous ne l’entendrons pas davantage décliner ses vertus lorsqu’il s’appliquera à descendre notre cheminée.  Il préfère demeurer discret et engloutir en silence le lait et les biscuits qu’on aura bien voulu lui laisser.  Pourtant, croire en son existence et perpétuer les traditions qui l’entourent sont encore les meilleures façons de nourrir notre faculté à s’émerveiller.

Ne tentons surtout pas d’intellectualiser celui qui se balade en traîneau dans le ciel de notre imaginaire sous prétexte que nous sommes des adultes sérieux. Prenons plutôt nos responsabilités et perpétuons sa légende.  Après tout, le père Noël c’est chacun d’entre nous: c’est un oncle qui accepte de se dissimuler sous une barbe blanche synthétique, c’est un grand-papa fier de mettre sa bedaine à contribution sous un gros manteau de velours rouge, c’est un papa qui fait semblant d’aller chercher quelque chose dans le garage et qui revient en poussant de tonitruants «Ho! Ho! Ho! »… Tout ça sous le regard ébloui des enfants.

Subterfuge? Non.

Magie? Oui.

Parce qu’à partir du moment où nous ne croyons plus en la magie, il devient impossible de la trouver.  Si le père Noël n’est toujours pas une espèce en voie d’extinction, c’est qu’en quelque part plusieurs adultes et enfants se sont ralliés pour lui permettre d’exister.

Tant que nous croirons au père Noël,  il y aura de l’espoir.