Delastek fait un retour sur l’eau avec Defyen

AFFAIRES.  Près de 40 ans après sa fondation comme fournisseur de câblage électrique pour le fabricant de bateaux Doral, Delastek fait un retour aux sources en lançant la première planche électrique hybride dans un marché naissant, mais en effervescence.

Aux commandes du projet, Dylan Lessard a livré à la fin du mois de juillet ses premières planches commercialisées sous la marque Defyen. « Avec la pandémie, le secteur de l’aéronautique était au ralenti et pour garder notre équipe à l’ingénierie active, on a développé ce produit sur lequel on travaille depuis maintenant deux ans », explique le fils du président fondateur de Delastek, Claude Lessard.

Un peu partout dans le monde depuis quelques mois, des modèles de wakeboard électrique sont lancés sur le marché, mais celui de Delastek se distingue par son caractère hybride. Une glissière sous la planche permet en effet, en changeant la cartouche du moteur à turbine, de passer du mode eSurf (sur l’eau) à celui de eFoil (au-dessus de l’eau). « À ma connaissance, nous sommes les premiers au monde à offrir cette option », note Dylan Lessard.

Le eSurf peut atteindre une vitesse de 45 km/h avec une autonomie de 45 à 60 minutes tandis que le eFoil atteint une vitesse de pointe de 30 km/h, mais avec une durée de près de deux heures en raison de la réduction du frottement de la planche avec la surface de l’eau. Délesté de ses équipements, le Defyenpèse environ 25 lbs mais en y ajoutant sa batterie (38 lbs) et son module de propulsion, le wakeboard fait osciller la balance à près de 80 lbs.

Une planche familiale

« Nous n’avons pas cherché à privilégier la vitesse, mais plutôt sa facilité d’utilisation. Nous l’avons conçu plus large avec un tapis sur l’ensemble de la surface afin que la personne puisse se mettre debout, à genoux ou couchée sur le ventre. C’est une planche pour mettre dans son ponton ou son bateau et au lieu de te faire trainer, tu pars t’amuser pendant que l’embarcation est stationnée », poursuit Dylan Lessard.

L’autre avantage de la planche de wake surf de Delastek selon son concepteur, c’est que l’entreprise a participé à la conception et conserve les droits sur toutes les composantes du produit. Sa coquille faite de carbone esthétique est entièrement fabriquée à l’usine du secteur Grand-Mère. La batterie a été développée par une entreprise de Laval spécialisée dans la conception de batteries électriques pour vélo.

Son module de turbine a été conçu à l’École de technologie supérieur (ÉTS) alors que sa télécommande Bluetooth, semblable à un joystick de jeux vidéo permettant d’augmenter et de réduire la vitesse, a été développée par un jeune Autrichien. Enfin, la carte électronique qui permet de relier toutes les composantes de la planche électrique a été créée par un ingénieur de Saint-Mathieu-du-Parc possédant une expertise dans les voitures de course.

« C’est un aspect important, car on contrôle ainsi toute la chaîne d’approvisionnement et on peut apporter les ajustements si nécessaire. On ne se compare à une planche fabriquée en Chine qu’on ne pourra réparer quand il arrive un problème », soutient Dylan Lessard.

Marché des centres locatifs

La Defyen se détaille pour le moment à 16 500$ pour son modèle eSurf et 18 000$ pour le eFoil mais pour 22 000$, un client peut avoir sa planche électrique avec les deux modules de propulsion interchangeables. « Nous sommes concurrentiels au niveau des prix si on se compare avec les produits sur le marché. Aux États-Unis, il faudrait payer entre 25 000$ et 30 000$ US pour avoir les deux modèles. »

Pour sa première année de commercialisation, Delastek entend assembler cet été environ une cinquantaine de planches électriques. « Notre marché, ce sont les centres de location. Il y a des individus qui vont vouloir en avoir une, mais clairement, on pense en vendre plus dans les centres qui vont offrir à leur client des locations à 125$ ou 150$ de l’heure.

Qui est Defyen?

Defyen se concentrait à ses débuts dans la fabrication de planches de wake surf en carbone en collaboration avec le Centre nautique Hi5 à Grandes-Piles. L’intérêt pour l’électrification du produit a démarré peu de temps après. Avec sa devise Entre l’air et l’eau, Defyen rappelle aussi ses origines puisque ses planches sont conçues en intégrant les matériaux, technologies et processus de l’industrie aérospatiale dans laquelle Delastek a construit sa réputation. C’est aussi un clin d’œil aux premiers contrats de l’entreprise fondée par Claude Lessard auprès du fabricant de bateaux Doral dans l’ancienne Ville de Grand-Mère.